Outre l’amélioration de la santé et du bien-être des travailleurs, la lutte contre le changement climatique est une autre raison pour laquelle nous devrions tous travailler moins.

Dans l’Antiquité, les Grecs considéraient le travail comme étant vulgaire, puisqu’il diminuait le temps disponible pour servir la communauté et cultiver les relations humaines. Ils étaient d’avis que le temps consacré au loisir était très productif, puisqu’il servait à réfléchir, à s’éduquer, à se développer et à se réaliser.

Aujourd’hui, les rôles entre loisir et travail se sont inversés : le travail est devenu l’activité productive et le loisir n’a plus pour but que de nous permettre de récupérer des forces avant de nous remettre à l’ouvrage. Les progrès technologiques qui ont accompagné l’industrialisation auraient normalement dû s’accompagner d’une diminution des heures de travail requises pour satisfaire les besoins essentiels. Ce qui se passe est pourtant tout le contraire : les besoins non essentiels se sont multipliés, avec comme résultat une production qui dépasse la capacité limite des écosystèmes et une population qui travaille encore autant et consomme plus que jamais.

Plus on travaille, plus on pollue

Le rythme effréné de la semaine de travail à temps plein a un impact direct sur l’empreinte environnementale des individus. Généralement, plus on travaille, plus on consomme de l’énergie et moins on consacre de temps aux activités productives non rémunérées comme la cuisine, le ménage, le jardinage ou les soins aux enfants et aux proches. Peinant à se dégager du temps libre, les travailleurs surchargés ont plus facilement recours à des biens et des services à forte empreinte écologique. Un cercle vicieux et inutile, souvent vécu dans un état de stress et d’anxiété lié au travail.

Il y a lieu de se demander comment cet esclavage moderne est devenu souhaitable. Le grand confinement est venu confirmer l’hypothèse selon laquelle moins travailler permet d’adopter un mode de vie plus écologique.

À preuve, les émissions globales de gaz à effet de serre ont drastiquement baissé lors du confinement, pour remonter dès le début de la reprise. Par ailleurs, en se questionnant à savoir à quoi sert tout ce travail, on arrive vite à la conclusion qu’il sert principalement à produire toujours plus, ce qui, en somme, cause la crise environnementale. Les changements climatiques témoignent clairement du caractère mortifère de cet idéal productiviste.

La semaine de 9 heures

Il apparaît aujourd’hui évident que les technologies, aussi « vertes » soient-elles, ne permettront pas la colossale réduction des émissions nécessaire pour limiter les dégâts climatiques. Si nous voulons réduire l’empreinte carbone globale et éviter les effondrements écologiques et sociaux, nous devrons nécessairement réduire l’activité économique dans son ensemble.

Cela passe par une réduction significative du temps de travail puisque la production y est directement associée. Une étude d’un groupe de réflexion européen, titrée « Les limites écologiques du travail » (en anglais) et réalisée l’an dernier, arrive à la conclusion que les Britanniques ne devraient pas travailler plus de 9 heures par semaine si l’État veut réussir à atteindre ses objectifs de réduction des gaz à effet de serre et éviter un réchauffement climatique de plus de 2°C. Les calculs de ces chercheurs concluent de la même manière à une semaine de travail de 6 heures pour les Allemands et de 12 heures pour les Suédois. Nous présumons que ce n’est pas très différent au Canada.

La place du travail dans la nouvelle normalité

À l’heure où l’adaptation au contexte de la pandémie mondiale multiplie les occasions de créer de nouveaux leviers pour la transition écologique et sociale, la question se pose : est-ce que la semaine de 40 heures devrait faire partie de la nouvelle normalité ? Sur le plan individuel, ils sont de plus en plus nombreux à ne plus accepter un mode de vie qui exige de passer toutes ses heures éveillées au travail. Lorsque le choix leur est offert, ces individus plafonnent volontairement leur revenu afin de vivre plus simplement et se dégager du temps.

Toutefois, sur le plan collectif, une réflexion de fond s’impose. Les employeurs sont encore réticents à offrir des postes à temps partiel et les gouvernements nourrissent encore l’illusion d’une croissance verte, reposant sur la force de travail. Aujourd’hui, l’idéologie de la juste mesure demeure à contre-courant de la pensée dominante et se heurte au dogme du productivisme.

Il importe de se souvenir qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Les Grecs anciens seraient sans doute choqués devant les soi-disant progrès de l’humanité.

 

Sources : 

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