la chèvre et le chou débat
De gauche à droite : Jean-François Dubé, l'animateur Robert Aubin et Dominic Lamontagne. Photo : Capture d'écran

Le livre La chèvre et le chou est assez rarissime dans sa forme de correspondance et sa mécanique de dialogue entre deux auteurs menant des modes de vie et portant des points de vue diamétralement opposés quant à notre rapport aux animaux. Comment évaluer les conséquences de nos choix alimentaires sur les écosystèmes? Est-il moral d’exploiter et de tuer des êtres conscients capables de ressentir? Quel type d’agriculture est à privilégier pour préserver l’équilibre de la planète?

Il est nécessaire de créer de l’espace dans nos tribunes médiatiques et publiques pour débattre de ces questions d’actualité que l’on aborde encore trop peu ou sinon à la va-vite. Est-il surprenant qu’un tel ouvrage soit paru à l’automne dernier aux Éditions Écosociété? Non. Cette maison d’édition québécoise a été fondée en 1992 par des militants écologistes et les enjeux liés à l’alimentation et à l’agriculture font partie de l’ADN de cette organisation. 

L’origine de ce dialogue confrontant

L’idée de base de cet essai en tandem vient de l’artisan fermier Dominic Lamontagne qui, préoccupé par la réceptivité de la naturalisation de l’idéologie végane qu’il perçoit au sein de nos institutions et de nos médias, a proposé aux Éditions Écosociété, de publier un échange de lettres avec un militant végane, en l’occurrence Jean-François Dubé. Auteur de la Ferme impossible et de L’artisan fermier, Dominic Lamontagne exploite une petite ferme de production vivrière tandis que Jean-François Dubé est détenteur d’une maîtrise en sciences politiques sur les liens entre les idées des mouvements animaliste et environnementaliste. S’en est suivi, pendant deux ans, un échange de correspondance confrontante entre Lamontagne et Dubé. Le livre, tout comme le débat Omnivorisme responsable ou véganisme organisé récemment par la Gazette de la Mauricie en collaboration avec le Salon du livre de Trois-Rivières et les Éditions Écosociété, nous fait valser d’une prise de position à l’autre et nourrit substantiellement nos réflexions. 

« Il y a peu de traditions culturelles, qui sont aussi profondément ancrées que nos traditions culinaires alors quand le mouvement végane propose de tracer une croix sur les pratiques d’élevage millénaires, de remplacer le pâté de viande par le pâté de millet et quand des militants font interruption dans des restaurants pour demander haut et fort qu’on revoit de fond en comble nos relations avec les animaux, il ne faut pas se surprendre que ça crée des vagues. » avance Renaud Gignac, administrateur de la Gazette de la Mauricie et initiateur du débat.

la chèvre et le chou

C’est une correspondance virtuelle qui est à l’origine de l’ouvrage La chèvre et le chou. Photo : Gracieuseté

Le véganisme éthique

Il est entendu selon plusieurs études, soutient Jean-François Dubé, que de nombreux animaux entretiennent des relations sociales, qu’ils sont conscients et qu’ils peuvent être capables d’altruisme et d’empathie. N’est-il pas impossible de soulever le moindre doute quant à l’absence de consentement des animaux lorsqu’on les voit se débattre et hurler dans les abattoirs? Pourtant, la plupart des gens peuvent se procurer les nutriments dont ils ont besoin avec des produits d’origine végétale abordables, expose l’auteur. Selon lui, l’innovation qui devrait planter le dernier clou dans le cercueil de l’élevage des animaux et des abattoirs c’est la viande de culture produite à partir de cellules animales. « Qui voudrait encore faire subir les atrocités de l’élevage et de l’abattoir aux animaux quand une telle technologie est disponible? Comment sera-t-il possible de justifier moralement le fait de continuer à manger des animaux dans de telles circonstances? » Pour Dubé, le véganisme est le moyen le plus simple et le plus efficace pour réduire à la fois la quantité générale de souffrance que l’on cause aux êtres sensibles et notre empreinte écologique.

La paysannerie omnicole

Pour Dominic Lamontagne, comme il est impossible de réduire à zéro les dommages collatéraux qui résultent de l’existence de l’humain sur Terre, il faut alors tenter de réduire les torts qui lui sont causés.  « Pour être en mesure d’évaluer avec un quelconque degré de certitude la quantité et la qualité des torts dont nous sommes responsables, il faut étudier avec soin la genèse respective des produits que nous consommons et des actes que nous posons. » Dans les faits, soutient Lamontagne, aucun système agricole véritablement végane n’a fait ses preuves. « À ma connaissance, l’écrasante majorité des véganes sont nourris par des omnivores qui pratiquent une agriculture encore très largement tributaire des animaux. » Si demain matin on privait les producteurs maraichers des fumiers qu’ils utilisent, comment leurs terres seraient-elles fertilisées? Si on privait les producteurs de fruits et de noix des légions d’abeilles, comment leurs plantes pourraient-elles fructifier? questionne l’auteur. En somme, pour Lamontagne, il n’y a pas d’alimentation potentiellement plus accessible, plus saine, plus écologique, plus équitable, plus éthique et plus pérenne que celle qu’on aura produite soi-même de manière responsable. Il faut mettre les mains dans la terre. 

Vous avez manqué le débat?

Vous pouvez vous procurer le livre La chèvre et le chou publié aux Éditions Écosociétés en librairie ou encore en bibliothèque et vous pouvez visionner le débat dans son intégralité juste ici.

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