Chronique Alain Dumas

Capitalisme oblige, notre monde est dominé par une logique de maximisation des profits. Qui dit profit maximum, dit croissance économique à son comble et surconsommation de produits, ce qui caractérise par là même une société d’abondance. Or, le hic dans cette histoire, c’est qu’une société d’abondance implique une surexploitation des ressources qui, pour la plupart, sont peu ou pas renouvelables, grevant ainsi les capacités de la Terre à les régénérer. Aurions-nous atteint le seuil limite de l’abondance ? 

Divers événements ont contribué à l’avènement de la société d’abondance. D’abord les révolutions industrielles, [1] où les progrès technologiques ont entraîné une hausse phénoménale de la productivité et de la production de masse. Puis, le développement des besoins secondaires (non vitaux) dans les années d’après-guerre (1939-1945), lequel a donné naissance à la société de consommation. Enfin, la mondialisation, qui a contribué à faire baisser les prix et  attisé la surconsommation de masse. 

Les moteurs de la consommation

Sur le plan individuel, la surconsommation s’explique de plusieurs manières. Puisque consommer est considéré comme un symbole de réussite sociale et de plaisir dans notre société, cela pousse les individus à acheter un produit pour satisfaire ce désir, même s’ils n’en ont aucunement besoin. Notons que l’envahissement de la publicité dans notre société hyper-connectée y joue un rôle important, de même que le crédit facile et instantané, la culture du jetable, le renouvellement accéléré de la mode, la rapidité des changements technologiques et l’obsolescence programmée. 

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Au-delà d’un certain seuil, la surconsommation est un facteur de surexploitation des ressources naturelles non renouvelables et lentement renouvelables. La fabrication de produits implique l’utilisation de ressources naturelles comme l’eau, les minerais et le bois. Leur exploitation excessive pour satisfaire la surconsommation entraîne une détérioration de l’environnement. Parmi les conséquences, citons la pollution, la surproduction de déchets, l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES), la déforestation, l’épuisement des ressources naturelles, la perte de la biodiversité et la dégradation des écosystèmes marins.  

Le jour du dépassement de la Terre, [2] date de l’année où l’humanité a consommé les ressources naturelles que la planète peut produire ou régénérer, illustre la surconsommation, ou l’illusion de l’abondance. Ce jour est tombé le 24 juillet cette année, ce qui signifie que les humains vivent à crédit écologique pour le reste de l’année. Puisque cette date était le 29 décembre en 1971, cette évolution illustre l’intensification de la surconsommation.    

Photo : Dominic Bérubé / © La Gazette de la Mauricie et des environs

De l’abondance au gaspillage

Si la surconsommation est aujourd’hui un phénomène omniprésent dans les pays riches, [3] elle est accompagnée d’un gaspillage démesuré. Selon la FAO, [4] le tiers de la nourriture produite dans le monde est jeté, soit l’équivalent de 1,3 milliard de tonnes d’aliments. Ce gaspillage a un impact sur le réchauffement climatique étant donné qu’il entraîne des émissions de gaz à effet de serre (GES) lors de la décomposition des aliments dans les dépotoirs. Les entreprises sont aussi concernées parce qu’elles consomment de très grandes quantités d’énergie et d’eau pour répondre à cette surconsommation. 

Le gaspillage de vêtements est un autre exemple de surconsommation. Au Québec, près de 100 000 tonnes de vêtements en bon état sont jetés chaque année. Considérant que 10 000 litres d’eau sont nécessaires pour produire une seule paire de jeans et que l’industrie du vêtement est responsable de 2 % des GES, la surconsommation de vêtements a donc un impact important sur le réchauffement climatique. 

Le paradoxe de l’abondance 

Le paradoxe de l’abondance est que la possession de ressources naturelles se conjugue avec un niveau élevé d’inégalité, de pauvreté et de famine dans le monde. Alors qu’à peine 20 % de la population mondiale consomme 80 % des richesses produites, la majorité s’en trouve démunie. C’est le cas du continent africain qui, très riche en ressources naturelles, voit cette abondance siphonnée par des multinationales étrangères, alors que la majorité de sa population est démunie. On estime que 95 milliards de dollars s’échappent de l’Afrique chaque année de manière frauduleuse, alors que près de 300 millions de personnes souffrent de malnutrition et que près de la moitié des pays sont en situation de surendettement.

Pour conclure, il apparaît évident que notre société d’abondance est entrée dans une fin de parcours, car sous le couvert des objets consommés se cache une destruction massive et rapide de ressources, laquelle risque de confronter l’humanité à un choc de pénurie, ou du moins de rareté. En témoigne le recul de 5 mois du jour du dépassement en à peine 50 ans dans l’histoire de notre planète.      

Références
[1] Les périodes de changement technologique qui ont transformé les modes de production et de consommation depuis le 19ᵉ siècle.
[2] Calculée par l’ONG Global Footprint Network.
[3] Amérique du Nord, Europe, Japon et Asie du Sud-Est.
[4] L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.

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