Stéphanie Collins, technicienne en production régionale à la Fabrique culturelle, juin 2019
L’artiste Isabelle Clermont est totalement dédiée à sa pratique artistique, qui exige d’elle une discipline et une rigueur comparables à celles dont sont investis les plus grands athlètes. Une transposition naturelle pour celle qui a un passé d’athlète de haut niveau.
Isabelle Clermont se définit comme artiste interdisciplinaire, en puisant à la fois dans le sport, l’art, la danse et la philosophie pour créer un dialogue entre les disciplines. Le sport, à travers la marche athlétique, a fait partie intégrante de sa vie jusqu’à la fin vingtaine, l’amenant à participer à plusieurs Coupes et Championnats du Monde. Les sacrifices, la rigueur, la discipline et l’entraînement soutenu, elle connaît. Et ces atouts lui servent aujourd’hui pour mener de front sa carrière artistique. Elle en a d’ailleurs fait un sujet de maîtrise, en s’attardant sur l’interrelation entre l’activité artistique et l’activité physique.
Pas de recette magique
« Il faut beaucoup de leadership, car ce n’est jamais gagné. Il faut toujours réinventer la roue, découvrir de nouveaux partenariats, être bienveillant avec ses pairs, demeurer fidèles à ses collaborateurs », admet Isabelle Clermont. Ce n’est pas une recette magique, mais ce sont de biens sages conseils d’une artiste qui réussit à vivre de son art. En région, qui plus est. Mauricienne depuis toujours, la question de quitter la région a déjà effleuré son esprit alors qu’elle étudiait à Québec. C’est la nature et ses racines qui l’ont remporté sur l’envie de rejoindre les grands centres.
Gestion de la performance
Son programme d’entraînement implique la méditation qui l’aide à se déposer, à se détacher, à se retirer. Surtout dans les grandes périodes de production. Elle utilise aussi la visualisation, comme le ferait un athlète avant une compétition. « Je dois être solide. C’est une grosse gestion de la performance », confie celle qui offre des créations performatives exigeantes tant physiquement qu’émotionnellement. « L’adrénaline est comparable à celle qu’on vit en tant qu’athlète […] Le besoin de se mettre en danger et de repousser les limites, ça fait partie de mon oxygénation », estime Isabelle Clermont. Aller là où on ne l’attend pas.
Pour voir les autres portraits d’artistes de la Mauricie, par ici !
Réussir à en vivre… financièrement
« Le refus, c’est un drame, c’est une fin du monde », admet-elle au sujet des demandes de bourses. Elle à qui le Conseil des arts et des lettres du Québec a remis en mars dernier le prestigieux prix Créatrice de l’année en Mauricie, admet toutefois que quelque chose est en train de se passer. L’idée de porter un chapeau de plus en enseignant semble mijoter, alors qu’elle sent maintenant assez d’ancrage pour partager ses connaissances et son expérience : « Je n’ai aucune sécurité financière que d’autres artistes peuvent trouver au sein d’une charge de cours, par exemple. »
Valoriser la mi-carrière
« Les fonds sont de plus en plus limités. Je souhaiterais un débouché pour davantage de fonds, pour plus d’artistes. Il y a beaucoup d’opportunités de financement pour la relève artistique, mais on devrait aussi valoriser la mi-carrière, car c’est l’étape fragile, celle qui fait qu’on va continuer ou abandonner », conclut sereinement l’artiste.
http://www.isabelleclermont.com/
https://www.lafabriqueculturelle.tv/recherche?terme=isabelle+clermont