Alex Dorval – Environnement – 9 mars 2021
Dans le cadre d’une action concertée de Greenpeace et d’autres mouvements citoyens (dont XR Mauricie) s’opposant au projet d’usine de liquéfaction du gaz naturel et de gazoduc de GNL Québec, six bannières ont été déployées à travers le Québec, dont deux en Mauricie. Elles signalaient, à la veille de la remise du rapport du Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) au gouvernement Legault, l’absence d’acceptabilité sociale et soulignaient les répercussions du projet sur le climat, la biodiversité et la santé de la population.
Des groupes environnementaux et citoyens ont déployé les bannières dans six villes du Québec, dont Shawinigan et Trois-Rivières. Nous pouvions y lire les messages suivants :
- « GNL : t’as pas le go, Legault », au Vieux-Port de Montréal (à côté de l’emblématique enseigne de « Farine Five Roses »), faisant référence au message de la campagne électorale de 2014 du Premier ministre.
- « Oui à la transition, Non à GNL », au Pont Piste Cyclable à Shawinigan, en Mauricie.
- « Oui à la transition, Non à GNL », au Port de Trois-Rivières, en Mauricie.
- « GNL = bombe climatique », au Pont Sainte-Anne, à Chicoutimi, au Saguenay.
- « Chers extractivistes, l’Abitibi n’est pas un bar ouvert », à La Cité de l’Or, à Val-d’Or, en Abitibi-Témiscamingue.
- « Gazoduq en Abitibi? Non merci! On mérite mieux », au viaduc du boulevard Rideau, à Rouyn-Noranda, en Abitibi-Témiscamingue
XR Mauricie
Extinction Rébellion se définit comme un mouvement international non violent fondé en 2018 au Royaume-Uni pour lutter contre la disparition de la biodiversité et les changements climatiques. Un groupe local est depuis quelque temps actif sur le territoire mauricien (XR Mauricie). « XR Mauricie s’engage à polluer l’existence du projet GNL Québec tant que rien ne sera mis en œuvre pour y mettre fin! Les citoyen.nes de la Mauricie veulent protéger leur environnement et pouvoir continuer d’en profiter. La nature est facile à détruire, mais pas facile à reconstruire. Alors que nous sommes au beau milieu d’une extinction accélérée, un tel projet ne fait qu’ajouter de l’huile sur le feu. Nous ne laisserons pas le gouvernement Legault duper les Québécois.es avec les supposés bienfaits de ce projet », peut-on lire dans le communiqué émis par Greenpeace.
Une personne active au sein du mouvement a contacté La Gazette pour nous aviser des motifs l’ayant poussée à participer à cette action chapeautée par Greenpeace. « Dans le contexte où le rapport du BAPE sera remis au gouvernement pour analyse finale, je trouvais important de participer à ce mouvement d’opposition et de décourager les bailleurs de fonds qui souhaiteraient y investir », témoigne notre source préférant préserver l’anonymat.
Une levée de boucliers citoyens jamais vue au Québec
Dans son communiqué, Greenpeace insiste sur le fait que les Québécois.es se disent concernés par la construction potentielle d’un gazoduc qui traverserait le Québec, de la région de l’Abitibi-Témiscamingue jusqu’au Saguenay en passant par la Haute-Mauricie. Le projet entraînerait la construction d’un pipeline gazier de 782 km (par la compagnie Gazoduq), d’une usine de liquéfaction du gaz (par Énergie Saguenay) et d’un terminal d’exportation par navire super-méthaniers. Le projet générerait au Québec des émissions équivalentes à plus de 50 millions de tonnes de CO2 par année et de 8 millions de tonnes dans le reste du Canada.
Le 8 décembre dernier, des groupes environnementaux, dont Greenpeace et Équiterre, déposaient à l’Assemblée nationale une pétition de plus de 110 000 signatures ayant été appuyée par Québec Solidaire et le Parti Québécois. Les résultats d’un sondage de la firme Léger indiquent une opposition de la population québécoise de l’ordre de 47 %. Il semble ainsi exister une division de la population dans sa perspective des retombées socio-économiques et des conséquences environnementales associées à la concrétisation d’un tel projet.
Toujours selon les groupes environnementaux, 648 scientifiques, incluant 250 médecins et professionnel.es de la santé, 40 économistes et 127 professeur.es, chargé.es de cours et professionnel.les de l’UQAC et 54 associations étudiantes représentant plus de 350 000 étudiant.es s’opposeraient actuellement au projet de GNL Québec.
Une hausse de 2 % des tarifs d’électricité
Les groupes environnementalistes estiment que le projet entraînerait une hausse des tarifs d’électricité de plus de 2% pour des millions de Québécois.es. Une prévision qui s’appuie notamment sur les de calculs de Viviane de Tilly, spécialiste des politiques et de la réglementation en matière d’énergie à l’Union des consommateurs. Interviewée par le journal Le Devoir, Mme de Tilly « juge que la réalisation de ce projet pourrait favoriser le renouvellement du contrat de la centrale au gaz naturel de Bécancour, qui se termine en 2026. » Dans le même article, nous apprenons qu’Hydro-Québec juge toutefois les calculs de Mme de Tilly comme étant « hasardeux » à ce stade-ci et affirme ne pas prévoir quelconque recours à la centrale de Bécancour en lien avec le projet d’usine de liquéfaction du Saguenay.
Des conséquences sur la vie des communautés autochtones
Les opposants au projet soulignent également que le tracé proposé du Gazoduc traverserait un territoire occupé par les Premières Nations depuis des millénaires et impacterait négativement la vie de huit communautés.