Jean-Marc Lord – Comité de solidarité/Trois-Rivières – Janvier 2021 Le 9 avril 2018, la chaîne israélienne 10, une télévision privée, diffuse une vidéo captée quelque part au mois de décembre précédent. La caméra montre un Palestinien au loin, debout et immobile de l’autre côté de la clôture ultrasécurisée qui sépare Israël du territoire palestinien de Gaza. L’homme n’est pas armé et semble inoffensif. Au bout de quelques secondes, un coup de feu retenti, et le Palestinien s’écroule alors sous un déluge de cris de joie retentis derrière la caméra. Touché à la jambe, ce Palestinien a eu de la chance, contrairement aux dizaines d’autres tués par les tireurs d’élite de l’armée israélienne durant la même période. Des paysans, des femmes, des enfants, même une ambulancière et un journaliste. Ces personnes ne portaient pas d’armes et manifestaient pacifiquement. Cet événement est très révélateur de ce qui se passe en Palestine. Tout comme la réaction du ministre israélien de la Défense, Avigdor Liberman, qui, devant le tollé des indignés, s’exclama simplement « le tireur devrait recevoir une médaille et celui qui a filmé être rétrogradé ».
Humiliés et dépossédés
En 1914, la Palestine « historique », alors sous contrôle de l’Empire ottoman, était peuplée d’environ 610 000 Palestiniens et d’environ 60 000 Juifs (9 %) cohabitant en harmonie. Depuis, des centaines de milliers d’immigrants juifs sont venus dans le pays. En 1948, ils ont proclamé la création d’un État sur 55 % du territoire et en ont conquis 23 % supplémentaires dans les mois suivants. On estime qu’environ 800 000 Palestiniens ont quitté leurs maisons et leurs villages pour fuir les combats et les massacres. Pas moins de 615 localités palestiniennes ont été rasées par les Israéliens, renommées, puis enfin, repeuplées par des immigrés israéliens. Les descendants de ces 800 000 dépossédés s’entassent aujourd’hui dans les minuscules territoires de Cisjordanie et de Gaza ou encore dans des camps de réfugiés dans les pays voisins. Pour finir, l’armée d’Israël a envahi la totalité des territoires palestiniens restants en juin 1967. Depuis lors, les Palestiniens vivent sous une occupation militaire humiliante, brutale et illégale en regard du droit international. On ne compte plus en effet les résolutions de l’ONU exigeant que l’armée d’Israël se retire des territoires occupés. Mais profitant du soutien inconditionnel des États-Unis (et souvent de celui du Canada), l’État d’Israël n’en a cure. Non seulement n’a-t-il aucune intention de se retirer des territoires palestiniens, mais il trahit son véritable objectif de les posséder en entier en y ayant installé depuis 1967 plus de 600 000 colons qui grignotent de plus en plus de territoires.
Une vie quotidienne insoutenable
Après avoir expulsé les Palestiniens de leurs terres ancestrales et de leurs maisons, les Israéliens continuent de leur infliger de nombreuses injustices et humiliations quotidiennes. À Gaza, deux millions de Palestiniens s’empilent dans un territoire minuscule qui s’apparente à une prison. L’eau, l’électricité et le commerce notamment sont en partie sous contrôle israélien. Les médicaments, les matériaux et les denrées y entrent au compte-goutte. Le territoire est entouré de hautes clôtures et de barbelés. Les Palestiniens qui s’en approchent risquent d’être abattus. En Cisjordanie et à Jérusalem-Est, les Israéliens détruisent les maisons des Palestiniens, arrêtent des dizaines d’entre eux, parfois même des enfants, pour des motifs arbitraires. Les soldats israéliens n’hésitent pas à frapper et à humilier les Palestiniens qu’ils contrôlent à l’un des 174 check points des territoires occupés. Les colons israéliens installés dans les territoires occupés font tout ce qu’ils peuvent pour nuire aux Palestiniens. Ils sabotent les installations, intimident les femmes et les enfants pour les empêcher d’aller au marché ou à l’école. Le 13 décembre 2020, selon le International Middle East Media Center des colons israéliens ont été vus, lançant des objets non identifiés sur les oliviers appartenant à la famille al-Dababseh, non loin d’Hébron. Environ 400 oliviers ont brûlé avant qu’on ne réussisse à maîtriser les flammes.
« Nous vous gazerons jusqu’au dernier. » Le 29 octobre 2015, l’armée israélienne envahit le camp de réfugiés d’Aïda, à Bethléem (Cisjordanie). Un habitant filme la scène : « Nous sommes l’armée d’occupation. Si vous jetez des pierres, nous vous gazerons jusqu’au dernier — les jeunes, les enfants, les vieux… vous mourrez tous. » Source : Middle East Eye
Le niveau de vie des Palestiniens (PIB par hab. de 3199 $ US) est à des années-lumière de celui des Israéliens (PIB par hab. de 41 614 $ US). Ces derniers se sont accaparé les meilleures terres agricoles, ils détournent l’eau des nappes phréatiques à leur avantage, utilisent des autoroutes modernes qui leur permettent de se déplacer rapidement sans entraves, alors qu’à quelques mètres seulement de l’autre côté du mur de sécurité, les Palestiniens doivent utiliser des routes vétustes qui contournent les colonies juives et sont parsemées de check points de l’armée israélienne. Un simple trajet de 30 km peut parfois prendre des heures. Si vous êtes palestinien, un rendez-vous médical, un accouchement ou une simple course à la pharmacie ou au marché peut facilement virer au cauchemar… Ainsi va la vie des Palestiniens sous l’occupation militaire des Israéliens.
Quelques chiffres
10 500 C’est le nombre d’actes de violence perpétrés par des colons israéliens contre des civils palestiniens ou leurs biens entre 2004 et 2015. (Source : Palestine monitoring group, 2015) 11 254 C’est le nombre d’oliviers arrachés par les colons israéliens dans les champs palestiniens en 2015. (Source : Nations unies, OCHA, 2017) 979 C’est le nombre d’hectares de terres confisqués en 2017 par Israël dans les territoires occupés. Ils ont aussi détruit 500 habitations palestiniennes et installé à la place 8 nouvelles colonies. (Source : Centre de recherche sur la terre (LRC), Jérusalem-Halhul, 2017)