Claude Lacaille, Comité de solidarité Trois-Rivières, janvier 2017

Lors du Sommet des Amériques à Panama en avril 2015, Barak Obama s’était adressé aux chefs d’États de la région en ces termes : « Alors que les États-Unis ont beaucoup fait pour promouvoir la paix et la prospérité dans l’hémisphère sud, nous nous sommes parfois désengagés et parfois nous avons cherché à imposer nos conditions. Mais je vous jure que nous recherchons un partenariat égalitaire. »

President Obama With Cuban President Castro at Estadio Latinoamericano in Havana, Cuba U.S. President Barack Obama sits with Cuban President Raul Castro at the Estadio Latinoamericano in Havana, Cuba, as he members of a U.S. delegation including U.S. Secretary of State John Kerry attend an exhibition game on March 22, 2016, between the Cuban National Baseball Team and the Tampa Bay Rays. [State Department photo/ Public Domain]

President Obama With Cuban President Castro at Estadio Latinoamericano in Havana, Cuba
U.S. President Barack Obama sits with Cuban President Raul Castro at the Estadio Latinoamericano in Havana, Cuba, as he members of a U.S. delegation including U.S. Secretary of State John Kerry attend an exhibition game on March 22, 2016, between the Cuban National Baseball Team and the Tampa Bay Rays. [State Department photo/ Public Domain]

Pourtant dans son premier mandat, l’Amérique latine fut délaissée. Puis en janvier 2014, le gouvernement américain lançait sa politique Look South, qui n’était rien d’autre qu’une initiative pour inciter les compagnies étasuniennes à étendre leurs activités commerciales à ces pays qui offraient des opportunités d’affaires alléchantes. Or, pendant que les États-Unis s’enlisaient au Moyen-Orient, la Chine s’introduisait dans la cour arrière de l’Oncle Sam et devenait un rival économique redoutable. Le Venezuela, l’Équateur, le Brésil, Cuba, entre autres, bénéficiaient d’importants prêts et investissements chinois. C’est ce qui a poussé l’administration à renouer des relations diplomatiques avec Cuba, mais sans lever l’embargo ni aborder la fermeture de la prison de Guantanamo et sa dévolution au peuple cubain.

Durant les dernières décennies, plusieurs pays d’Amérique latine ont pris un virage progressiste, largement inspiré par le leadership d’Hugo Chávez et sa vision du socialisme du XXIe siè- cle : Venezuela, Honduras, Paraguay, Équateur, Bolivie, Brésil, Argentine, Uruguay. Des institutions furent créées dans le but de bâtir d’authentiques partenariats entre les pays de la région. La popularité et la vitalité de ces actions concertées ne sont pas passées inaperçues à Washington, qui allait développer une nouvelle stratégie : celle des coups d’États modérés (soft).

À peine deux mois après le discours d’Obama à Panama, la secrétaire d’État Hillary Clinton approuvait la destitution du président du Honduras démocratiquement élu, Manuel Zelaya. L’armée l’arrêta. Zelaya fut détenu sur une base militaire de Tegucigalpa avant d’être expulsé vers le Costa Rica. Ce premier coup d’État sonna l’alarme dans tout le continent. En 2012, un autre putsch parlementaire expulsa du pouvoir le président Fernando Lugo du Paraguay. En décembre 2015, ce fut le tour de Cristina Kirchner d’être destituée en Argentine sous allégations de blanchiment d’argent. Trois mois plus tard, Barak Obama visitait l’Argentine et signait un accord de coopération qui permettait d’établir une base militaire étasunienne à Ushuaia à l’extrême sud du continent. Puis, en mai 2016, c’était Dilma Rousseff, la présidente du Brésil, qu’on destituait par un coup bas parlementaire ourdi par le Sénat.

Le Nobel de la Paix Adolfo Pérez Esquivel conclut : « Domestiquer les gouvernements et recoloniser l’Amérique latine, voilà l’objectif. Ce que la droite ne réussit pas à obtenir par les urnes, elle cherchera à l’obtenir au moyen de la destitution illégale des présidents, la privatisation des entreprises d’État et la braderie des ressources naturelles. »*

Oui, les États-Unis sont toujours le shérif des Amériques au service du capitalisme. Les traités de libre-échange ne font qu’augmenter la dépendance et miner la souveraineté des États. On donne ainsi aux multinationales le champ libre à leur voracité et à leur cupidité. « Pendant que les délégués de Paris discutent des solutions pour notre crise climatique, loin des corridors du pouvoir, des gens ordinaires qui défendent leur droit à un environnement sain sont assassinés en nombre record. »** Depuis deux ans, près de trois cents militants écologistes ont été assassinés dans la plus grande impunité. Le Honduras, la Colombie et le Brésil sont les pays les plus touchés; 30% du territoire hondurien est attribué à des concessions minières.

En avril 2015, le président Evo Morales apostrophait Obama avec aplomb à la rencontre de Panama : « Cessez de vous comporter comme un empire… Nous avons cessé d’être une région obéissante, disciplinée, subjuguée et soumise : aujourd’hui, nous avons un continent en rébellion qui veut façonner son autodétermination. »


Sources:

[*] Página, 12 mai 2016, Buenos Aires.

[**] Billy Kyte, porte-parole de Global Witness.

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