Catherine Thériault, coordonnatrice au développement numérique, Culture Mauricie, juin 2019
Vous est-il déjà arrivé de faire une requête précise dans votre moteur de recherche, comme « spectacle Trois-Rivières 25 mai », et de n’obtenir aucune proposition pour du contenu culturel québécois ? Pourtant, l’Orchestre pop de Trois-Rivières était en prestation ce soir-là à la salle Anaïs-Allard-Rousseau et le groupe de musique émergent Perséide présentait son tout nouveau matériel au café-bar Zénob.
Pourquoi en est-il ainsi? Ce constat est d’autant plus décevant quand on sait que le consommateur fait souvent des recherches intuitives, sans avoir une attente précise, et que s’il n’obtient pas une réponse satisfaisante dans les trois premières lignes de résultats, il abandonne et passe à un autre appel. Résultat? On se dit qu’il n’y a rien de bon pour nous ce soir-là et on opte pour une série sur Netflix.
Le consommateur est-il à blâmer pour autant ? Pas du tout. Tout ça est l’affaire des données, c’est-à-dire toute l’information qui se trouve encodée « derrière » le site web d’un artiste, d’un diffuseur, d’un groupe de musique, etc.
Alors qu’en 2005 l’expression Web 2.0 faisait son entrée, nous sommes désormais passés dans l’ère du Web des données et de la découvrabilité. Ces concepts relèvent d’une tendance très forte : pour qu’un contenu (culturel québécois) soit découvert, il doit être visible sur les chemins qu’empruntent les utilisateurs d’internet. Une des façons d’y arriver, c’est en liant ces contenus à des données interprétables par les algorithmes développés par les géants du Web. Ainsi, les données doivent être structurées et codées selon des standards internationaux; l’ISBN en est un bon exemple pour l’industrie du livre.
La structuration des données selon des standards reconnus est donc primordiale afin que ces fameux algorithmes, basés sur des formules mathématiques complexes, orientent nos choix de navigation en nous présentant une variété de propositions, dont des offres culturelles et artistiques de chez nous.
Ainsi, pour que le touriste de passage en Mauricie, ou pour que l’amoureux de culture sache que des artistes locaux se produisent dans la région, il faut que ces derniers – ou ceux qui les représentent – alimentent correctement les algorithmes des Google de ce monde, afin d’exister sur la grande toile.
Maintenant que cela est dit, comment faire pour y arriver ? Comment aider nos artistes et nos organismes à faire leur place dans la mer de contenus qui sont offerts aux publics ? Des organismes de concertation tel que Culture Mauricie peuvent ajouter une pierre à l’édifice pour former, accompagner et soutenir ceux et celles qui veulent s’engager dans cette démarche. Le ministère de la Culture et des Communications du Québec se penche également sur ces enjeux et par le déploiement de son plan culturel numérique, offre plusieurs mesures afin d’aider le milieu culturel et artistique à prendre le virage numérique. La culture québécoise est riche et elle doit s’affirmer haut et fort dans l’univers du World Wide Web !