Un texte de Ruth Charbonneau, intervenante psychosociale
À l’approche du temps des Fêtes, entre les cadeaux, les résolutions et les traditions de fin d’année se glisse parfois une pression cachée : la « dette sexuelle ». Les attentes et les « obligations » non dites peuvent rapidement se transformer en une forme subtile, mais bien réelle, de violence sexuelle. Les Fêtes devraient être un moment de partage, de festivités et de plaisir, et non la source de pressions intimes !
Se sentir redevable sexuellement après avoir reçu un cadeau ?
C’est ce qu’on appelle « la dette sexuelle » ! Imaginez qu’on vous offre un cadeau et qu’à la place de simplement dire « merci », on vous fasse subtilement sentir que vous devez rendre la pareille de manière intime, même si ce n’est pas vraiment ce dont vous avez envie. En gros, la dette sexuelle, c’est l’idée que, parce qu’on nous a offert un cadeau, un repas ou même du temps partagé, il faudrait répondre par un acte sexuel pour « rembourser » quelque chose. Ces actes ne sont pas acceptables ; dans une relation saine, aucun geste d’affection ou de générosité ne devrait être accompagné d’une facture cachée !
La notion de « dette sexuelle » peut malheureusement être exacerbée par certaines traditions qui peuvent parfois imposer des attentes cachées. Prenons, par exemple, la traditionnelle coutume de s’embrasser, à minuit, le soir du Nouvel An. Cette tradition festive, qui célèbre le début d’une nouvelle année, peut aussi être perçue comme une attente, voire une obligation, même si ce n’est pas réellement désiré par une ou des personnes concernées !
La dette sexuelle, c’est une agression à caractère sexuel !
Eh oui ! Céder à une pression de nature sexuelle, comme dans le cas de la dette sexuelle, ce n’est pas consentir. Et sans consentement, on parle d’agression sexuelle. Explorons ensemble les aspects qui font de la dette sexuelle une agression.
- L’acceptation d’un contact sexuel motivée par la redevabilité plutôt que par le désir. Une personne peut se sentir obligée de répondre à de la générosité (cadeau, argent, attention) par des gestes intimes, ce qui rend le consentement forcé, donc non valide.
- L’absence de consentement clair, libre, éclairé et enthousiaste. La dette sexuelle crée une pression invisible qui empêche un consentement pleinement volontaire.
- La peur des conséquences relationnelles. Une personne peut craindre qu’un refus mette en péril sa relation avec une personne aimée, ce qui a pour effet de créer un environnement où elle se sent obligée de céder afin de ne pas briser le lien.
- L’atteinte à la liberté de choix. La pression de la dette sexuelle restreint la liberté de décision d’une personne, qui peut se sentir contrainte d’accepter un geste intime pour « rembourser » quelque chose.
- Le renforcement de dynamiques de pouvoir inégalitaires. Cette association entre cadeaux et sexualité peut déséquilibrer le pouvoir dans une relation, surtout si l’un-e des partenaires est en position de vulnérabilité et l’autre en position de domination.
Petit rappel : le sexe doit être quelque chose qui rend enthousiaste !
Pour conclure, lorsque l’on parle de consentement, on ne peut passer outre la notion d’enthousiasme ! En effet, une sexualité consentie est synonyme de plaisir. En sentant qu’on doit quelque chose à quelqu’un, on étouffe cet enthousiasme naturel et on transforme ce qui devrait être un moment de partage et de joie en une source d’inconfort, et peut même créer un climat de violence ! Alors, pour les Fêtes, faites preuve de bienveillance : offrez de l’amour et votre présence, pas des pressions ou des obligations. La sexualité n’est jamais quelque chose à exiger en retour d’un cadeau !