Dès Mark Carney assermenté, il se plonge dans la campagne électorale. Une de ses premières demandes aux Canadiens est de voter massivement pour le PLC et de rejeter la négativité de Pierre Poilievre, chef du PCC.

Mais au troisième jour de la campagne, le refus des libéraux de participer au débat en français de TVA fait jaser, dans les deux langues! Le français de Carney est laborieux et on peut raisonnablement supposer qu’il ne tient pas à multiplier les prises de parole publiques dans cette langue. Mais la raison sur laquelle il insiste pour se désister est que le Parti Vert n’y sera pas. Autre chose lui pose aussi problème : TVA demande aux participants du débat de payer une somme de 75 000 $, ce que refuse le PLC. Poilievre ne peut s’empêcher de badiner et de lui offrir de payer si le PLC n’en a pas les moyens!

Sur le fonds, l’excuse du Parti Vert absent est facile, mais celle du montant à défrayer est valable car c’est une demande sans précédents qui en créerait justement un où les débats des candidats seraient traités comme s’il s’agissait de vastes infomerciaux payés par les participants.

Le lendemain, c’est l’histoire de la candidate Nathalie Provost, qu’il a nommée Pronovost, qui met du sable dans l’engrenage. Et en plus, il l’identifie comme étant une militante associée à la tuerie de Concordia, confondant avec Polytechnique.

Toujours pendant la semaine, il a dû répondre à des questions sur des investissements dans des paradis fiscaux alors qu’il dirigeait une firme de gestion d’actifs, Brookfield Asset Management. Pas en son nom personnel, mais au nom de la firme et pour le bénéfice des investisseurs pour qui il doit s’assurer de maximiser les rendements. Pas quelque chose d’illégal, mais moralement, ça interpelle!

Vers la fin de la semaine, on a aussi appris que Mark Carney faisait l’objet d’allégations de plagiat dans sa thèse de doctorat, allégations publiées dans le National Post et véhiculées par Pierre Poilievre.

Et arrive la mère de toutes les annonces de Trump. Dès le 3 avril, tous les véhicules automobiles vendus aux États-Unis, et qui n’ont pas été fabriqués sur ce territoire, seront assujettis à une surtaxe de 25 %.

Embûches aussi pour Poilievre …

Pour Pierre Poilievre, le français est un exercice laborieux. Peut-être pas autant que dans le cas de Carney, mais tout de même. Et soyons honnêtes, un débat de plus en français n’est pas si nécessaire que cela pour lui non plus car là où il doit marquer ses gros points est à l’ouest du Québec.

Poilievre veut aussi se distancer de Donald Trump. Il sait bien que dans le passé, il a été décrit comme un politicien aux opinions et ambitions similaires, mais par les temps qui courent, les Canadiennes et Canadiens sont plutôt du côté de la distanciation politique avec les États-Unis.

Or, la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a directement moussé la candidature du chef du PCC auprès de membres de l’administration Trump, ce qui n’est pas stratégiquement intéressant pour Poilievre. Les stratèges de la campagne de Carney espèrent justement que le chef conservateur soit associé le plus possible au président américain.

Autre chose. Poilievre semble avoir du mal à être spécifique sur son programme électoral et ses objectifs politiques. Il apparaît aussi souvent un pas derrière Carney (baisse d’impôts, taxe carbone, TPS sur les premières acquisitions de maisons) et doit, en fin de compte, se réajuster constamment.

Enfin, à la mi-semaine, des accusations d’ingérence électorales ressurgissent. Poilievre est sur la défensive, le Globe and Mail pointant l’Inde qui aurait participé à des activités de financement en faveur du PCC. Carney était content et Poilievre riait jaune, affirmant haut et fort qu’il était capable de gagner des élections seul.

Cette semaine dans les sondages

Les deux candidats veulent vendre le changement. Poilievre vend le changement de parti politique au pouvoir et Carney vend le changement de chef et d’équipe tout en maintenant les libéraux au pouvoir pour un quatrième mandat consécutif.

Les deux candidats, à court terme, sont pris avec l’annonce des tarifs américains de 25 % sur tous les véhicules automobiles vendus aux États-Unis et qui n’y sont pas fabriqués. Encore de l’imprévu, de l’incertitude et des réactions fortes des marchés boursiers : le 26 mars, le Dow Jones atteignait 42764,65 pour chuter de 1227,12 points (-2,87 %) soit, au plus bas de la semaine le vendredi 28 mars, à 41537,53.

Concernant les perturbations trumpiennes, gros avantage Carney. C’est dans ces circonstances qu’il risque de se faire valoir dans son rôle de Premier ministre. Il a dû rentrer à Ottawa pour gérer la crise, ce que Poilievre ne peut pas faire. Une chance unique de démontrer ses compétences de dirigeant et d’échapper, pour un temps, aux pièges de la campagne électorale.

Quel impact ces soubresauts de la semaine ont-ils eu sur les intentions de vote? La relativement mauvaise semaine de Carney lui a-t-elle fait perdre des plumes?

Évolution moyenne des intentions de vote – Ensemble du Canada

Dans les intentions de vote agrégées, il y a deux semaines à peine, les conservateurs étaient à 38 % contre 35 % pour les libéraux. Le dimanche 30 mars, les libéraux devancent les conservateurs par 5 points de pourcentage avec des intentions de vote à 42 %.

Le NPD ne cesse de dégringoler, ayant perdu la moitié de ses appuis depuis la mi-janvier. Il était alors à 18 % dans les intentions de vote et cette semaine, il passe sous la barre des 10 %, avec 9 %.

Il ne semble donc pas que la semaine difficile de Mark Carney ait eu des répercussions immédiates pour les libéraux et, au contraire, le PLC continue sa progression amorcée début janvier, du moins pour l’instant. On verra ce que la prochaine semaine nous réserve, tant dans les sondages que dans la gestion de la politique tarifaire américaine, car c’est le 2 avril que devraient entrer en vigueur d’autres tarifs annoncés par Trump sur une très large gamme de produits importés par les États-Unis.

Par province

Il n’y a pas grand-chose à raconter sur les progressions dans les sondages de la semaine, à part le fait que, d’une semaine à l’autre, le PLC continue d’engranger beaucoup d’intentions de vote.

Pour cette semaine seulement toutes les provinces, sauf celles entre l’Ontario et la Colombie-Britannique, ont vu les libéraux gagner trois points de pourcentage ou plus, essentiellement au détriment du NPD et, pour la Colombie-Britannique, du PCC. Dans les intentions de vote agrégées de cette province d’ailleurs, le PCC perd la position de tête pour la première fois depuis 2022.

Projections de sièges

Pour l’ensemble du Canada, les projections de sièges sont centrées à 190 pour le PLC et 125 pour le PCC selon 338Canada.

Pour le Bloc, l’estimation est de 21 sièges. La progression favorable aux libéraux se poursuit, toujours au détriment du PCC et du NPD qui, avec le Parti Vert, ne récolteraient rien de significatif.

La campagne débute sa deuxième semaine et il ne faut pas douter que les taxes devant entrer en vigueur le 2 avril en fera partie tout comme, le lendemain, celles de 25 % sur les véhicules automobiles. Il ne faut pas douter non plus que Trump ne manquera pas de jeter d’autres pavés dans la mare.

Et il ne faut surtout pas penser que le premier entretien entre le Président et Mark Carney, supposément très positif selon les deux parties, est la naissance d’une bromance. Trump semble bien aimer les rapprochements pour mieux distribuer ses baisers de la mort. Parlez-en à Justin Trudeau, à Volodymyr Zelensky ou au Groenland !


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