Par Annabelle Caron, mai 2017
Le coton est la fibre naturelle la plus utilisée au monde, principalement en raison de ses qualités intrinsèques et de son faible coût de production. Il représente environ 40 % de la production textile mondiale et est principalement cultivé sur de grandes exploitations qui utilisent les ressources en eau et des intrants chimiques de façon intensive.
En fait, l’Organisation mondiale de la santé explique que la culture du coton représente 2,5 % des surfaces mondiales cultivées, mais qu’elle absorbe 25 % des insecticides et 10 % des herbicides de la planète. Autre problématique, l’empreinte en eau moyenne de la fabrication du coton atteint 10 000 litres par kilo. Ce qui signifie qu’un chandail pesant 250 g requiert en moyenne 2 500 litres d’eau et qu’un jean pesant 800 g nécessiterait 8 000 litres, et ce, uniquement en irrigation dans les champs, explique le Water Footprint Network.
S’organiser collectivement
Des coopératives de coton équitable éclosent un peu partout en Inde en réponse à un mode de production insoutenable, comme le programme Chetna Organic and Fair Trade Cotton Intervention (OCIP), une initiative de développement qui soutient des agriculteurs et leurs familles, et leur permet d’accroître leur rentabilité et d’améliorer leurs conditions de vie. Chetna soutient entre autres la communauté de l’Andhra Pradesh située sur la côte Est de l’Inde.
La coopérative de l’Andhra Pradesh a pour mission d’aider les petits producteurs de coton à améliorer leur production et leurs ventes. L’objectif principal du projet vise à les accompagner et à les appuyer dans leur processus de transition vers l’agriculture biologique. Le commerce équitable est utilisé comme moyen de garantir aux producteurs un revenu stable et plus élevé.
Les producteurs s’organisent à l’intérieur de chaque village et créent des MACS (Mutual Aided Cooperative Society). Ces MACS forment de petites coopératives qui organisent la production, les formations, le stockage, le transport et les ventes du coton produit par le village. Cette organisation collective donne aux agriculteurs un accès à des services qu’ils ne connaissaient pas auparavant, comme le prêt bancaire et le microcrédit. Ce dernier est d’ailleurs majoritairement utilisé par les femmes du village pour des projets de développement communautaire. Or, depuis la naissance de cette initiative, les membres de la coopérative en voient clairement les retombées positives : modernisation des infrastructures agricoles, augmentation de la production et diversification des cultures.
La certification équitable
Le projet d’Andhra Pradesh est certifié équitable par Transfair Canada depuis 2005. Cette certification a non seulement permis aux producteurs de s’assurer d’un revenu décent, mais également de forger des partenariats fiables et pérennes avec des acteurs majeurs du commerce équitable. Le prix versé aux fermiers par le projet pour le coton équitable et biologique est passé de 0,37 $ le kilo à 0,70 $ le kilo. Chez nous, acheter équitable, c’est permettre à d’autres de pouvoir faire ce bond vers l’avant.