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Alain Dumas, octobre 2014

Dans son premier budget 2014-2015, le gouvernement libéral conviait les Québécois à deux années d’austérité budgétaire. L’austérité, qui désigne des réductions de dépenses publiques et des mesures fiscales régressives telles des hausses de taxes et de tarifs, serait inévitable compte tenu de la situation «alarmante» des finances publiques, disait-on. Le Québec serait au bord du précipice financier.

Le gouvernement agit rapidement, très rapidement, et pour y arriver, « 90 % de l’effort» doit être fait du côté des dépenses, dit le ministre des Finances, Carlos Leitao. Pour y arriver, il faudra couper 2 milliards $ cette année et 6 milliards $ l’an prochain. en limitant la hausse des dépenses à 1,9 % cette année et à 1,3 % l’an prochain. Une telle compression ne peut se faire dans la douceur étant donné que les moyennes historiques des hausse de dépenses en santé et en éducation sont de 4 % et 3 %.

Déficit et dette publique : où en sommes-nous au juste ?

Si comme dans la plupart des pays, le gouvernement du Québec affiche un déficit depuis la grande récession de 2009, le Québec n’a pas à rougir par rapport au reste du monde. Car son déficit représente aujourd’hui seulement de 0,9 % du PIB (365,1 milliards $), ce qui représente un peu plus de 3 jours de revenu national. Comme le montre le tableau suivant, la situation est autrement plus précaire ailleurs dans le monde.

Tableau : Déficit en % du PIB, comparaison avec quelques pays, année 2013
Québec États-Unis Japon France Grèce Royaume-Uni
0,85 % 9,2 % 8,7 % 4,3 % 12,7 % 5,7 %

Sources: Ministère des finances du Québec, OCDE, années 2013, 2014.

Il en va de même du côté de la dette, qu’on exagère trop souvent pour alarmer l’opinion publique. Et là, rien n’empêche les pires abus statistiques. Pour grossir la dette du gouvernement, on prend souvent la dette brute en incluant toutes les dettes des sociétés d’État (Hydro-Québec, SAQ, etc.), des municipalités et des universités. On arrive à un montant dépassant 250 milliards $, soit 70 % du PIB. Or, pour évaluer la situation financière d’un gouvernement, les financiers tiennent toujours compte de ses actifs pour connaître sa dette nette. Celle-ci est de 140 milliards $, soit à peine 32,9 % du PIB. Encore une fois, le Québec n’a pas à rougir, car sa dette nette est deux fois moins grande que celle du Japon et inférieure à celle de l’Allemagne, des États-Unis, du Royaume-Uni ou de la France.

Le retour à l’équilibre : comment et quand ?

En fait, la question n’est pas d’être d’accord ou non avec l’équilibre budgétaire, mais plutôt comment et quand l’atteindre ? L’ancien Gouverneur de la Banque du Canada, David Dodge, disait en juin dernier que l’atteinte rapide de l’équilibre budgétaire n’était pas la bonne manière de renforcer l’économie. Il invitait les gouvernements à profiter des bas taux d’intérêt pour investir dans les infrastructures, lesquelles génèrent de la croissance économique qui procurent des revenus d’impôts au gouvernement. Comme le soulignait récemment le Nobel d’économie Joseph Stiglitz, l’austérité est un échec dans la période actuelle de ralentissement, car elle déprime davantage l’économie et diminue les revenus fiscaux du gouvernement, ce qui conduit à un cercle vicieux déficit-austérité. Il est donc absurde de miser seulement sur les baisses de dépenses publiques. On peut aussi augmenter les revenus en taxant davantage le capital financier, sans que cela n’affecte la croissance économique.

Alain Dumas, Économiste

gazette.economie@gmail.com

 

Gazette Mauricie, Octobre 2014

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