Par Magali Boisvert, 8 août 2018
L’auteure Andrée Baribeau, résidant à Sainte-Geneviève-de-Batiscan, en est à son deuxième roman à compte d’auteur, après la sortie en 2012 d’Eaux troubles, récit à saveur autobiographique réussi et rafraîchissant qui lui a valu une réédition. Bien adossée à une banquette du café Morgane sur des Forges, accompagnée d’une tisane, Andrée se confie sur l’univers de son deuxième roman, L’Homme qui avait du chien.
D’abord, pourquoi ce choix du « h » majuscule dans le titre ? Andrée sourit et glisse que c’était une idée de son compagnon de vie et de créativité, surnommé affectueusement Mika. Ce duo, travaillant ensemble sur les publications d’Andrée, marche côte à côte dans le processus d’édition, de la création à la publication pour finir par la diffusion – c’est d’ailleurs ce sympathique homme qui nous a contactés pour que se réalise cette entrevue. L’autoédition permet à Andrée une plus grande liberté que dans le milieu d’édition traditionnel et elle se dit contente de ne pas se mettre trop de pression sur les épaules, d’y aller à son rythme.
Andrée a eu le déclic de l’histoire de L’Homme qui avait du chien grâce à un rêve ; elle imagine un homme qui se réincarne en chien. Elle s’inspire également de son entourage pour incarner ses personnages; le protagoniste, Peter le chien, est inspiré du chien de sa sœur, et le personnage «écrivain» du récit, Jack, partage le nom du conjoint de cette même sœur, conjoint qui s’est enlevé la vie. En donnant la même fin à son personnage principal, Andrée souhaite aborder la guérison après le suicide, mais une guérison dans l’imaginaire. Elle imagine ce qui se passe après la mort et cela prend la forme bouddhiste de la réincarnation.
La narration est donc du point de vue de Peter, protagoniste canin de ce roman à l’allure de conte. En tant que lecteur, c’est une expérience nouvelle et déstabilisante que de voir les événements à travers les yeux d’un chien doté de l’esprit d’un homme. Même Andrée avoue avoir dû éviter certains réflexes d’écriture, car elle devait toujours avoir en tête le corps du chien ainsi que ses capacités.
On découvre au fil des pages un conte semi-fantastique, semi-merveilleux, bref, inclassable, mais surtout un parcours de guérison. On y voit aussi un plaidoyer pour les droits des animaux, car on place dans le roman tous les animaux sur un pied d’égalité avec les humains. Un lecteur sensible au bon traitement des animaux se plongera dans L’Homme qui avait du chien avec compassion, et les autres y verront peut-être le parcours d’apprentissage d’un homme hanté par son passé.
Mais nous ne vous en dirons pas plus, car le plaisir de cette lecture est de se faire surprendre au détour par les péripéties créées par l’auteure, qui s’amuse à défier toutes les attentes.