Vendeur du journal La Galère sur la rue des Forges à Trois-Rivières.

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Alors que notre capacité à produire des richesses n’a jamais été aussi grande, au Canada comme au Québec le nombre de personnes ne disposant pas du minimum pour vivre augmente et on compte par centaines de milliers les parents qui vivent sous la crainte quotidienne de ne pouvoir nourrir convenablement leurs enfants. Bien que les progrès de la science et des techniques aient généré une exceptionnelle croissance économique, le phénomène de la pauvreté perdure et les écarts de richesse atteignent aujourd’hui des sommets ahurissants. Comment en sommes-nous arrivés là? Quelles sont les conséquences d’une telle situation sur le « vivre ensemble »? Et peuton imaginer de nouvelles voies pour sortir de l’impasse actuelle? La Journée mondiale de la justice sociale, célébrée le 20 février de chaque année, vient nous rappeler que, malgré les élans de générosité et les belles intentions, les injustices persistent au sein de nos sociétés et que la lutte aux inégalités est non seulement une nécessité sociale mais aussi une obligation morale pour toute société qui revendique son appartenance à la civilisation.

Denis Hébert, février 2016

Partant du principe que la pauvreté constitue un danger pour la prospérité de tous et qu’une paix durable ne peut être obtenue que si elle se fonde sur la justice sociale, les Nations Unies rappellent que la promotion de cette dernière ne consiste pas simplement à augmenter les revenus et à créer des emplois, mais qu’elle est aussi une question de droits, de dignité et de liberté d’expression pour les travailleurs et les travailleuses, ainsi que d’autonomie économique, sociale et politique.

On peut donc en déduire que la promotion de la justice sociale relève du bien commun en ce sens qu’elle est souhaitable dans l’intérêt de la collectivité. Bien sûr, personne n’étant contre la vertu, tous les acteurs sociaux s’entendent sur la nécessité de promouvoir le bien commun. C’est lorsque se pose la question de déterminer les moyens devant être mis en œuvre pour y arriver que les difficultés surgissent. Généralement, le choix de ces moyens est dicté par l’une ou l’autre de deux approches qui découlent de conceptions diamétralement opposées de la société ou du lien social. L’approche libérale, qui est celle sur laquelle sont fondées, à l’heure actuelle, un grand nombre de politiques publiques, repose sur la doctrine du libéralisme économique selon laquelle le « marché » permet de faire coïncider les intérêts personnels et l’intérêt de la société dans son ensemble. Dans cet esprit, puisque les intérêts personnels sont conformes à l’intérêt général, il faut donc en pratique laisser jouer en toute liberté les intérêts privés. Telle est la doctrine de la « main invisible » : quand bien même les individus poursuivent égoïstement leur intérêt personnel, ils sont amenés involontairement à favoriser le mieux- être de la société. Bref, la production du lien social se réalise spontanément par le mécanisme du « marché ». L’approche sociale repose pour sa part sur la doctrine solidariste pour laquelle, partant du constat de l’interdépendance humaine, il existe entre chacun des individus et tous les autres un lien nécessaire de solidarité. Elle pose que le marché non régulé, laissant cours à Denis Hébert Partant du principe que la pauvreté constitue un danger pour la prospérité de tous et qu’une paix durable ne peut être obtenue que si elle se fonde sur la justice sociale, les Nations Unies rappellent que la promotion de cette dernière ne consiste pas simplement à augmenter les revenus et à créer des emplois, mais qu’elle est aussi une question de droits, de dignité et de liberté d’expression pour les travailleurs et les travailleuses, ainsi que d’autonomie économique, sociale et politique. la poursuite aveugle des intérêts individuels, mène au dépérissement de la société et non pas à son épanouissement et à son harmonie. Considérant que ce sont l’interdépendance humaine et la solidarité qui sont le fondement du lien social, elle affirme que la production de ce lien doit être favorisée au moyen d’un ensemble d’institutions dont la mise en place et la gestion justifient l’intervention de l’État.

S’inspirant de la doctrine libérale, nos gouvernements ont progressivement abandonné la logique de l’intérêt collectif et en sont même arrivés à se comporter comme si la promotion des intérêts privés constituait la finalité de l’action publique. Leur appel sans cesse renouvelé au bon sens économique revient à nier que nos problèmes sociaux posent avant tout des questions politiques relatives à la justice, au maintien d’un juste équilibre entre les libertés individuelles et les exigences de solidarité, bref aux fins de l’action collective. Ce faisant, ils insinuent que la politique est une affaire de techniciens et non une affaire de citoyens et renient dans les faits toute politique et toute démocratie. Par contraste, pour les tenants de la doctrine solidariste, l’atteinte d’une plus grande justice sociale exige d’abord et avant tout des institutions et des politiques publiques qui visent à atténuer les inégalités et à mettre en place un filet de sécurité sociale. La célébration ce 20 février de la Journée mondiale de la justice sociale est rendue nécessaire du fait que, malgré les élans de générosité et les belles intentions, les injustices persistent au sein de nos sociétés. Sachant que jamais notre capacité à produire des richesses n’a été aussi grande, il est inacceptable qu’autant de personnes n’aient pas le minimum pour vivre et que des milliers de parents vivent sous la crainte quotidienne de ne pouvoir nourrir leurs enfants convenablement. Comme le souligne Jacques Généreux dans Les vraies lois de l’économie I : « Le choix d’une logique de compétition généralisée assure la diffusion d’une culture de marché qui rend dépassée la culture de tous ceux et celles qui se croyaient encore membres d’une société humaine. Dans une société, chacun pense tenir sa place en accomplissant un ensemble de devoirs intimement reliés aux droits qui lui sont reconnus. Sur un marché, en revanche, l’individu n’a pas de place, il se sent une marchandise qui devra sa survie au fait d’être plus forte que les autres ou l’esclave des plus forts. Dans une société on vit, sur un marché on se bat… »

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