
Mariannick Mercure, mars 2015
Depuis deux ans, Hydro-Québec s’affaire à renouveler son parc de compteurs analogiques avec des appareils dits « intelligents », capables de transmettre directement les quantités d’électricité consommées à l’aide de radiofréquences. Alors que le déploiement s’achève, les groupes de citoyens qui s’opposent au remplacement de leurs anciens compteurs par ces compteurs de nouvelle génération sont loin de s’essouffler. Parmi leurs principales préoccupations : les risques d’incendie, l’atteinte à la vie privée, les risques pour la santé et les hausses de coûts liées à ces nouveaux appareils. Hydro-Québec, qui nie en bloc les affirmations des regroupements citoyens, se veut au contraire rassurante et affirme que la société d’État fera des économies de plusieurs millions de dollars par année.
Ce mois-ci la « chronique controverse » de La Gazette de la Mauricie donne donc la parole à deux porte-parole ayant des vues diamétralement opposées sur l’épineuse question des compteurs intelligents.
Linda MacCulloch, porte-parole du groupe « Mauricie Refuse »
Mon vieux compteur analogique? Il est barricadé! Il a été démontré à travers la planète que les compteurs intelligents exposent la population à des dangers pour la santé et je connais personnellement des gens qui sont tombés malades à la suite de l’installation de tels compteurs. Il existe d’ailleurs plusieurs études pour le démontrer, dont celles du Dr Dominic Bellepomme, oncologue, qui soutient que les radiofréquences affectent la barrière hématoencéphalique .
Hydro-Québec nous répond que ces compteurs respectent les normes canadiennes… mais ces normes sont parmi celles qui tolèrent les radiofréquences les plus élevées au monde! Encore pire, le principal problème vient de la manière dont on mesure ces fréquences : on calcule leur moyenne, alors que ce sont les pics qui devraient être pris en compte, car ce sont ces pics qui peuvent altérer l’ADN!
Elles font ce qu’elles veulent les sociétés d’État, elles ne sont assujetties à rien! Hydro-Québec doit arrêter le déploiement, faire des études avec des experts indépendants, tenir des consultations publiques à travers le Québec et donner le choix de garder le compteur analogique.
Les risques pour la santé ne sont pas le seul problème : il y a aussi les témoignages de clients surfacturés qui se multiplient, et là, c’est palpable et facilement vérifiable. Une dame de Saint-Narcisse vient justement de me dire qu’elle devrait payer plus du double du prix avec son nouveau compteur intelligent…
Isabelle Thellen, porte-parole pour Hydro-Québec
Les compteurs intelligents n’ont aucune incidence sur la santé. Hydro-Québec se fit à des organismes sérieux et reconnus tels que l’Organisation mondiale de la santé, Santé Canada et la Direction de santé publique, qui sont unanimes sur la question. Les études qui sont citées par les opposants aux compteurs intelligents existent…mais elles ne sont pas crédibles.
Dans les études, on voit que les personnes qui se disent radiosensibles, lorsqu’exposées à leur insu, ne peuvent jamais s’en rendre compte. On ne nie par leurs symptômes, on dit seulement qu’il n’y a aucun lien avec les radiofréquences.
Le niveau d’exposition aux radiofréquences à un mètre d’un compteur intelligent est environ 120 000 fois inférieur aux normes de Santé Canada. Même si on révisait ces normes canadiennes pour les rendre plus sévères, on resterait bien en bas. Et puis, la manière de mesurer ces radiofréquences est normée : il y a quelques moments d’émission, à coup de 90 secondes, et une moyenne est faite sur ces moments.
Concernant les affirmations de hausse de coûts, on les a toutes documentées, même celles envoyées à TVA et au Journal de Montréal, et elles se sont révélées sans fondement dans 100 % des cas. Par exemple, plusieurs plaintes provenaient de clients qui utilisent le système de paiements égaux et qui ont eu une différence à payer à l’automne en fonction de leur consommation réelle. Quand ça correspond avec l’arrivée de leur compteur, certains lui ont imputé ce changement.