Par Steven Roy Cullen, novembre 2016
Dès qu’il nous ouvre sa porte, on devine que l’homme qui nous reçoit chez lui est un homme de cœur. Ayant accepté de nous rencontrer pour nous parler de son expérience de proche aidant, Claude nous livrera avec, émotion et beaucoup de générosité, un touchant témoignage sur sa relation d’aide auprès de sa conjointe Louise, atteinte de la maladie d’Alzheimer.
La maladie s’est d’abord installée doucement : difficultés occasionnelles d’orientation, pertes d’équilibre, besoin d’aide pour gérer ses comptes. « J’ai senti qu’elle avait besoin d’aide ». Puis elle a inéluctablement progressé. Au point où Louise qui, il y a quelques années, avait soutenu étroitement Claude frappé à deux occasions du cancer, nécessite aujourd’hui une aide constante et attentionnée. Inversion dramatique des rôles de chacun.
« Vous savez, je lui remets tout simplement ce qu’elle a fait pour moi pendant des mois », confie-t-il, la voix brisée par l’émotion. Quant à son rôle de proche aidant, comment Claude le vit-il? « Ça demande à la fois beaucoup d’amour, de la patience, de la résilience, mais au bout du compte, toutes ces années d’accompagnement ont approfondi grandement le lien qui nous unit Louise et moi ».
Et Claude n’a pas ménagé les efforts pour apporter ce qu’il appelle « une qualité de vie » à sa conjointe en dépit de l’évolution de la maladie. « Ma mère serait fière de moi, parce que depuis maintenant quatre ans, j’ai fait tout ce que j’avais à faire pour Louise. Vous savez, soutenir une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, c’est être en éveil constamment. Aussi après trois ans à tenir seul le phare, comme on dit, je suis allé chercher de l’aide et on m’a mis en lien avec une panoplie de ressources, des personnes et des organismes comme Carpe Diem, qui soit dit en passant accomplit un travail formidable de même que le Regroupement des aidants naturels de la Mauricie ».
Tout cela a permis au couple d’avoir accès à une aide précieuse et à Claude d’avoir un peu de temps à lui pour, entre autres, participer aux cafés-rencontres organisés par le regroupement. Des rendez-vous entre proches aidants qui, dira-t-il, nous permettent de « ventiler », de dire ce qui va et ce qui ne vas pas, de pleurer ensemble parfois, eh oui!, mais aussi de se donner des trucs pour être capable de « passer à travers » comme on dit ». Et que dire de celles qui viennent à la maison apporter une aide tellement précieuse, ses « anges gardiennes » comme il les appellent. « Si je n’avais pas eu l’aide de mes « anges » et bien moi, conclut notre hôte, je ne serais pas là aujourd’hui pour vous parler de Louise et de notre aventure commune. »