La lauréate du Prix des libraires du Québec, Alexie Morin, revient en force avec un nouveau roman. Le premier tome du Cycle de Wickford Mills, La maison du rang Lynch, a été publié chez Le Quartanier le 15 octobre dernier. Dans une fable gothique québécoise, l’autrice nous transporte dans les secrets ancestraux d’une famille des Cantons-de-l’Est.
C’est au cœur de l’hiver glacial de décembre 1999 que l’on apprend à connaître les premiers membres du clan McCabe. Vincent, 16 ans, habite chez sa tante Marylou avec sa cousine et la fille de cette dernière. À la suite d’un épisode de réminiscence, Vincent confronte sa tante sur l’histoire de ses origines. Le jour de sa naissance, son grand frère a perdu la vie, ce qui a bouleversé son existence mais aussi celle de ses parents, son père devenant fou.
Ce drame est parallèle à un autre qu’a vécu la famille. Lors d’une fête, Marylou raconte à ses neveux et nièces l’histoire d’Anne-Claire, la première-née des McCabe. Disparue à la fin des années 50, on voit parfois son corps diaphane dans les bois adjacents au rang Lynch.
Vincent, accompagné de ses cousins David et Tommy, cherchera des explications à ces événements, mais il souhaite surtout comprendre comment les deux disparitions sont liées entre elles.

Photo : Alexis Lambert / © La Gazette de la Mauricie et des environs
Une atmosphère du dévoilement
Le récit nous transporte dans le temps, dévoilant peu à peu tous les éléments de cette disparition. Si la première et la dernière partie se passent une à la suite de l’autre, le reste du roman nous ramène dans le passé pour bâtir sa mythologie.
Comme la famille occupe une place centrale, Alexie Morin nous transporte principalement dans des environnements qui laissent la place à ce développement intergénérationnel. On y rencontre une multitude d’autres personnages, comme le sévère grand-père et le cousin plus vieux que tout le monde, qui sert d’initiateur et de guide, chaque personnage ayant sa personnalité propre. Si le premier tome se concentre principalement sur les cousins Vincent et David, on pourrait suggérer que Morin ne met pas en place cette riche distribution pour rien et que plusieurs personnages qui semblent anodins deviendront importants pour la suite.
La richesse du récit se fait sentir dans sa mise en scène. Alexie Morin écrit finement : elle sait à la fois manier le dialogue et installer l’atmosphère. Si la structure non linéaire pourra déplaire à certaines personnes, elle est en fait un point fort du livre, car elle nous éclaire sur les grandes liaisons entre les évènements. Pendant un moment on se demande ce qui se passe dans cette atmosphère rurale entre les histoires de fantômes et les disparitions d’enfants. C’est un livre qui nous force à prêter attention aux détails, puisque la narration est construite pour nous mener à la confusion.
Bref, La maison du rang Lynch introduit superbement ce cycle familial avec une grande minutie. On en sort avec le sentiment d’être hanté-es et désorienté-es. Il faudra attendre un moment pour voir la suite, mais le jeu en vaut la chandelle. Comme les personnages du récit, nous finirons par trouver notre chemin.





