David Laprade – comité de solidarité/ collaboration spéciale – février 2020
La répression des Ouïghours, peuple à majorité musulmane vivant dans la province chinoise du Xinjiang, ne connait plus de limites. Des documents obtenus l’automne dernier par le consortium des journalistes d’investigations (ICIJ) dévoilent une dystopie digne d’un roman de George Orwell. À ce jour, plus d’un million de Ouïghours seraient emprisonnés contre leur gré dans une centaine de « camps de rééducation » chinois. Ces camps serviraient en grande partie au gouvernement de Xi Jinping à opérer auprès des Ouïghours une transformation idéologique à l’aide d’un isolement total et d’une vidéosurveillance accrue.
Des reproches insensés
Les Ouïghours qui constituent une minorité musulmane en Chine, mais qui constituent une majorité des citoyens dans la province du Xinjiang, ont depuis plusieurs années des visées indépendantistes. À la suite de troubles survenus en 2009, de nombreuses mesures ont été prises par Pékin pour s’assurer le contrôle à long terme de cette province, dont une vidéosurveillance accrue et l’interdiction du port de signes religieux. Prétextant vouloir diminuer le terrorisme, le gouvernement chinois tente en fait d’uniformiser la culture du pays en empêchant la minorité ouïghoure de pratiquer une religion et de parler un dialecte étrangers à la norme, ce qui se rapproche dangereusement d’un ethnocide, plus communément appelé « génocide culturel ».
« L’ethnocide est la destruction de la culture et de la civilisation d’un groupe ethnique »
Une surveillance accrue
Depuis quelques années, la liste des moyens de contrôle utilisés contre la minorité musulmane par le gouvernement chinois ne cesse de s’allonger. Suite à un message les enjoignant à télécharger un logiciel verrouillant l’accès à certains sites, nombreux sont les Ouïghours vivant en Chine ayant perdus l’accès à Facebook et à Youtube. Plusieurs ressortissants d’origine ouïghoure affirment depuis avoir de la difficulté à communiquer avec leurs proches demeurés là-bas.
Comme tous les autres habitants de l’Empire du Milieu, les Ouïghours sont surveillés par reconnaissance faciale et géolocalisation depuis l’instauration au pays d’un système de « crédit social », un dispositif permettant entre autres au gouvernement de récompenser ou de pénaliser ses citoyens selon un système de points. Ainsi, le moindre comportement jugé inapproprié par les autorités comme le port d’un signe religieux est dorénavant passible de lourdes pénalités pouvant aller jusqu’à l’internement et le travail forcé. Désirant aller encore plus loin, le gouvernement chinois songerait maintenant à ficher génétiquement l’ensemble de la population.
Sous le couvert de la rééducation
Le souhait du gouvernement chinois de « rééduquer » les Ouïghours et les conditions de détention de ceux-ci sont dénoncés par bon nombre de ressortissants ouïghours à travers le monde. Nombreux sont ceux qui s’insurgent, avec raison, contre les sévices dont est victime la minorité musulmane internée ou non dans les camps de rééducation chinois. Ne reste plus maintenant aux gouvernements qu’à agir. Maintenant et rapidement.
Pour en savoir plus : www.cs3r.org