L’art c’est beau. Ça vibre, c’est palpitant comme une orchidée ballottée par la brise. Et c’est là juste pour nous, juste pour que ça nous apprenne des choses sur nous, sans qu’on s’en aperçoive, en même temps que ça nous garroche une émotion. Une émotion qui vient d’on ne sait où et qui nous laisse tout drôle.
Et pourtant, ce n’est pas ce qu’on se dit. Qu’est-ce qu’on dit ? «C’est pas pour moi ces niaiseries-là, c’est pour les artistes, les experts, les intellectuels, c’est pas pour moi, je connais pas ça, je comprends rien là-dedans, moi, j’ai pas de diplôme, moi j’aime ça les paysages, les portraits de belles femmes, de beaux bonhommes. Moi j’aime ça quand je comprends. Un coucher de soleil, je comprends ça et je trouve ça beau. Mais des barbeaux sans queue ni tête, même mon petit-fils de trois ans peut en faire autant.»
Voilà ce qu’on entend. Peut-être, dans le fond, que ceux qui alignent de telles excuses, de telles défaites sont simplement malheureux de passer à côté de quelque chose d’intéressant. En fait, une œuvre d’art, c’est à la portée de tout le monde parce qu’il y a un artiste en chacun de nous. Oui-oui, sans blague. Chacun a son bagage de sensibilité et de créativité. Souvent, ce sont des qualités bien étouffées, bien cachées sous plusieurs couches de préjugés, sous des tonnes de « Je comprends rien à ces niaiseries-là ». Parce que souvent notre vie nous a conduits ailleurs, nous sommes simplement passés à côté d’un univers qui nous a semblé inaccessible.
Et pourtant, si on offre à la petite lumière de sensibilité qui est en nous une image différente de ce qu’on voit tous les jours, alors là, il peut se passer quelque chose. Faisons un test avec une image peu banale : cette toile de Claude Tousignant. Avant de la rejeter en se disant que « ça veut rien dire » et au lieu de se demander si c’est de l’art ou si c’est pas de l’art, laissons juste l’image agacer l’artiste qui est en nous, laissons-là s’allumer à notre petite lumière intérieure. Regardons-la sans penser, sans juger. Peut‑être verrons-nous les couleurs se mettre à bouger, peut-être verrons-nous remonter un souvenir, un beau moment, peut-être que d’autres images viendront répondre à celle qui est devant nous. Votre réaction vous appartient. Toutes les réponses sont bonnes. À partir du moment où le contact est établi, tout peut se produire. Tout est permis. Ça se passe entre l’image et vous.
Vous avez le goût de vivre de telles rencontres avec des univers différents, avec les visions d’artistes de chez nous ou de l’extérieur ? Des salles d’exposition offrent un choix de présentations variées et riches. Et c’est absolument gratuit. La Galerie du Parc sur la rue des Ursulines, le Centre d’exposition Raymond-Lasnier à la Maison de la culture à Trois-Rivières, le Centre d’exposition Léo-Ayotte au Centre des arts à Shawinigan, la salle d’exposition Hydro-Québec du Complexe culturel Félix-Leclerc à La Tuque sont des exemples d’endroits accueillants.
Oui, des fois, vous serez déroutés. Vous avez tout à fait le droit de ne pas aimer, de ne pas comprendre. Il est rare que, dans une exposition, toutes les œuvres nous touchent. Cependant, quand on oublie pour un instant cette fichue nécessité de « comprendre », on peut devenir disponible pour une expérience nouvelle. L’important c’est de sentir, c’est de donner aux œuvres une chance d’entrer en nous pour qu’on puisse savoir si elles ont quelque chose à nous dire.
Hélène Fournier mise sur l’émotion
L’exposition qui se poursuit jusqu’au 5 novembre à l’Atelier Presse Papier, rue Saint‑Antoine, illustre bien le propos énoncé dans l’article précédent. Hélène Fournier, poète, a écrit 27 textes reliés à autant de gravures réalisées par autant d’artistes de l’Atelier… LIRE LA SUITE
À voir prochainement:
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Ressac, installation, sculpture, vidéo de Geneviève Baril à la Galerie du Parc du 1er octobre au 3 décembre
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Pourvu qu’il pleuve, sculpture, installation de Nathalie Levasseur à la Galerie du Parc du 1er octobre au 3 décembre
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Le sublime et le subtil, peinture d’Isabelle Dumais, au Centre d’exposition Raymond-Lasnier du 15 septembre au 17 octobre.
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Brisées, photographie numérique de Félix Michaud, au Centre d’exposition Raymond-Lasnier du 15 septembre au 17 octobre.