Sous le soleil (Aftersun)
101 minutes
Drame psychologique
Réalisation : Charlotte Wells
Avec : Frankie Corio, Paul Mescal
Sous le soleil est un autre bijou de la maison de production A24. Difficile à croire qu’il s’agit du tout premier long-métrage de Charlotte Wells, la réalisatrice écossaise n’ayant signé avant ce titre que quelques courts-métrages. Présenté en primeur à Cannes où il a remporté le Prix du jury, Sous le soleil fait des vagues dans le milieu de la critique, et avec raison.
Véritable tour de force sous tous les aspects, Sous le soleil impressionne d’abord par le jeu du duo père-fille, composé de Paul Mescal – que l’on connaît pour la minisérie à succès Normal People – jouant Calum, et de Frankie Corio, interprétant Sophie, épatante dans ce premier rôle.
Les images du directeur photo Gregory Oke sont magnifiques de justesse et de délicatesse. On n’a pas affaire ici à des images léchées simplement pour le style ; les plans innovateurs illustrent le paysage intérieur des personnages avec beaucoup de tendresse.
Brûlant d’émotion comme un coup de soleil, ce récit d’une relation père-fille en vacances offre un portrait tendre et vif de l’amour parental. On assiste à ce moment charnière dans la vie d’une enfant où la représentation idéalisée du père doit laisser place à l’acceptation lucide de ses imperfections. Un récit incroyablement touchant qui révèle tout ce que peut donner un parent, mais aussi tout ce qu’il ne peut pas donner.
En attendant Raif
150 minutes
Documentaire
Réalisation : Luc Côté et Patricio Henríquez
Ce documentaire, coproduction de Macumba média inc. et de l’Office national du film du Canada, s’échelonne sur une période de 8 ans et suit Ensaf Haidar, femme du blogueur saoudien Raif Badawi, ainsi que leur famille habitant à Sherbrooke. Pendant deux heures et demie, dans un style cinéma vérité, on a accès au quotidien de la famille alors que Raif Badawi purge une peine de 10 ans d’emprisonnement pour avoir tenu un blogue libéral critiquant l’oppression religieuse saoudienne.
D’un point de vue politique, on en apprend davantage sur le rôle du Canada dans la production et la vente de véhicules blindés utilisés par la gouvernance saoudienne dans la guerre au Yémen, entre autres. Plusieurs images et informations bouleversantes sont également montrées à l’écran, afin d’illustrer la violence du règne saoudien envers les dissidents et dissidentes du régime.
Or, le cœur de ce long-métrage est cette famille, cette mère et ses trois enfants, qui grandissent devant nos yeux en l’espace de 8 ans. On suit Ensaf Haidar dans ses combats, à la fois internationaux et personnels, qu’il s’agisse de la difficulté de quitter ses enfants lors de ses nombreux voyages, de l’obtention de son permis de conduire ou de sa candidature aux élections fédérales pour le Bloc Québécois en 2021.
On sent également l’équipe de tournage omniprésente et bienveillante dans ce documentaire. À un certain moment, l’un des réalisateurs explique au jeune Terad comment utiliser un rasoir pour la toute première fois ; une scène en apparence banale qui en dit long. Conflits internationaux ou pas, il s’agit d’un fils à l’aube de l’âge adulte qui ne peut pas demander à son père comment se raser.
Alors que les femmes n’ont obtenu que récemment le droit de conduire en Arabie Saoudite (à condition toutefois d’avoir l’approbation de leur tuteur légal, leur mari), on quitte Ensaf et sa fille Najwa pendant qu’elles sont au volant en parlant de leurs plans d’avenir.
Un film sur le prix de la liberté, et une liberté qui n’a pas de prix pour la famille Badawi.