Lorraine Beaulieu – juin 2020 Dans le présent dossier Des plants pour l’avenir, le thème des articles est développé autour de la question de l’alimentation. Quel lien y a-t-il entre l’art et l’alimentation me demanderez-vous? Eh bien il y a autant de liens entre l’art et l’alimentation, qu’il peut y en avoir entre l’art et la nature par exemple, ou bien entre l’art et les états d’âme aussi.
En fait l’histoire de l’art raconte à sa façon, l’histoire de l’humanité. Tous les grands courants artistiques sont associés à ce qui se passe dans les sociétés d’où ils sont issus. Les arts romans correspondent aux grandes périodes des guerres de religions, les artistes de la renaissance produisaient des œuvres pour répondre aux questions qu’on se posait alors à leur époque; c’était le début de la science, on cherchait à mesurer le monde. Alors sont arrivés les œuvres de beauté classique avec leur canon de beauté, les tableaux élaborés avec les mesures de la perspective, etc. Puis, avec l’invention de la photographie, et l’industrialisation, les artistes ont profité de l’invention de la peinture en tube et pouvaient à partir de ce moment, aller peindre dehors, sur le motif, comme on dit. La photographie a fait émerger de nouvelles façons de représenter la réalité, en décortiquant la lumière. A émergé alors le mouvement impressionniste. Juste avec l’énumération de ces quelques mouvements artistiques, il y a des marques des courants sociologiques et de séquences de l’évolution du monde qui se correspondent. Et maintenant, quel est le lien entre l’art et l’alimentation? Voilà, j’y arrive. Ne sommes-nous pas dans une époque de questionnement par rapport à la survie de l’humanité à cause des changements climatiques? N’est-il pas question de s’alimenter avec des produits de chez nous, de chercher une connexion forte avec la nature qui nous entoure? Les producteurs de scénarios imaginent des mondes survivalistes, des comédiens créent du théâtre documentaire, des artistes en arts visuels sont inspirés par la société et l’expriment à travers différents médiums; art participatif, performance, etc. Je vous propose de visiter cette page web dans laquelle vous aurez beaucoup d’exemples d’œuvres réalisées par des artistes qui interrogent la notion de l’alimentation.
L’art actuel et la vie sont intimement liés et racontent notre histoire sociale et humaine. Après ma suggestion de visiter la page web sur l’art et l’alimentation, je vous invite à faire la connaissance d’une artiste d’ici, Trois-Rivières, qui a offert récemment, une performance artistique reliée à des questionnements de notre époque, soit l’inquiétude face à l’avenir de l’humanité et l’alimentation responsable pour sauver la planète. Cette jeune artiste utilise son corps pour exprimer ses propos artistiques, ce que l’on nomme la performance ou action performative. Joliane Dufresne a présenté cette performance d’une vingtaine de minutes dans le cadre d’un événement planétaire « La Nuit des idées » chapeauté par le Consulat Général de France. L’événement dont le thème devait tourner autour de « Être vivant à l’ère de l’éco-anxiété » était présenté à la Galerie R3 de l’UQTR le 30 janvier dernier. Le titre de la performance est « Tout tremble » : Dans cette action artistique, l’artiste met en évidence ses talents de communicatrice et utilise l’humour pour mettre en contraste nos vies de travail en vitesse effrénée avec nos vies personnelles souvent isolées, aux prises avec des angoisses face à l’avenir de l’humanité. Joliane Dufresne met en scène les efforts individuels que l’on peut poser pour contrer les changements climatiques en mangeant des patates pour aider la planète. Une action ludique, mais qui rejoint pourtant beaucoup de gens en ces temps incertains et dont les clés pour la comprendre se trouvent dans nos débats sociaux.