Parlant de l’histoire de l’exploitation forestière au Québec, l’auteur-compositeur Richard Desjardins remarquait que « Nous en sommes venus à croire qu’une forêt n’a de valeur qu’une fois couchée par terre. »

Si la formule peut sembler lapidaire au premier abord,  elle n’en traduit pas moins une réalité qui a longtemps caractérisé l’économie du Québec : sortir de la forêt le maximum de bois pour faire rouler une économie axée essentiellement sur l’extraction de nos ressources naturelles. Qu’en est-il aujourd’hui?

La perception populaire à l’effet que les compagnies forestières ont toujours « fait la pluie et le beau temps » en forêt est fortement ancrée dans l’esprit des Québécois. Une perception compréhensible si on jette un regard historique sur le développement des régions au Québec. La ressource s’avérait exploitable, une compagnie s’amenait, et voilà qu’un village se constituait à sa suite. Ce qu’on appelait « ville de compagnie » traduisait bien cette dépendance d’une population entière, ou presque, aux aléas d’une compagnie.

Les choses ont évolué. La diversification de l’économie québécoise aidant, la dépendance de populations entières à des compagnies extractives a fortement diminué et, avec elle, le contrôle quasi absolu de celles-ci sur la ressource. Pour leur plus grand bien, les populations environnantes des territoires forestiers y ont eu un accès accru. Au fil des révisions du régime forestier, les Québécois se sont progressivement réapproprié la forêt. L’expression « multiples usages de la forêt » traduit bien cette évolution.

Mais, en parallèle, est apparue l’expression « conflit d’usage » laquelle témoigne du défi que pose la cohabitation harmonieuse des divers utilisateurs de la forêt et des activités qu’ils y déploient. Et elles sont nombreuses : pourvoiries, ZEC, réserves fauniques, organismes de plein air, entreprises d’activités d’aventure de tout genre sans oublier les propriétaires de chalets et de camps à la recherche d’un cadre agréable.

Cet enjeu fut illustré par la confrontation opposant en 2005  l’industrie forestière à une coalition citoyenne menée par l’ex-hockeyeur Joé Juneau. Au cœur du conflit : la sauvegarde d’un territoire, situé en Haute-Mauricie, riche d’arbres centenaires et au cœur duquel se trouvait la célèbre pourvoirie « Seigneurie du Triton » au statut quasi-patrimonial.

Et que dire de la nécessaire prise en compte du point de vue des communautés autochtones qui, bien avant nous, ont habité la forêt mauricienne et qui entretiennent avec celle-ci un rapport aux antipodes de la vision essentiellement utilitaire qui prévaut aujourd’hui. D’ailleurs leurs représentants nous rappellent régulièrement que c’est sur un territoire dont les Premières Nations détiennent des droits ancestraux que se déploient les diverses activités actuelles en forêt, quelles qu’elle soient.

Assurer « une prise en compte des intérêts et des préoccupations des personnes et des organismes concernés par les activités d’aménagement forestier sur le territoire public. ». Voilà l’objectif que poursuivait le gouvernement en mettant en place, en marge du plus récent régime forestier,  les  tables de gestion intégrée des ressources du territoire (TGIRT).

Structure relativement jeune, l’efficacité réelle de ces « tables »,  confronté au défi de concerter des acteurs au poids inégal, a été mis à mal par l’abolition des conférences régionales des élus (CRÉ) qui en assuraient en quelque sorte la supervision.

Un diagnostic que tendent à confirmer deux recherches menées sur le fonctionnement des TGIRT. L’une dans la région de Québec par  Mme Fanny Lindsay Fortin (Université Laval) et l’autre sur le territoire de Côte-Nord par Mme Josée Althot (Université de Sherbrooke).

Si « sortir du bois » n’est plus aujourd’hui l’unique vision qu’on a de la forêt parce qu’on a découvert les multiples avantages qu’il y a à « aller au bois »,  il reste que l’harmonisation des activités qu’on y mène et la considération des intérêts des communautés autochtones qui l’habitent demeurent un défi posé à l’ensemble des acteurs du milieu.

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