Carol-Ann Rouillard, décembre 2018
Depuis quelques mois, le sujet de l’environnement est sur toutes les tribunes. Il l’était cet été avec les vagues de chaleur. Il l’était (en partie) pendant la campagne électorale. Il l’a été récemment avec le Pacte pour la transition proposé par des artistes du Québec et avec les grandes marches du 10 novembre qui ont eu lieu un peu partout à travers la province.
Le thème n’est pas nouveau, évidemment. Depuis longtemps on parle des changements climatiques et de l’urgence d’agir pour léguer une planète en santé à nos enfants. Et pourtant, à Québec, on envisage encore un troisième lien comme solution à la congestion routière, même si toutes les études démontrent qu’au final cette congestion n’en sera pas diminuée, alors que le transport en commun s’avère une avenue beaucoup plus efficace (et tellement plus bénéfique pour l’environnement).
Beaucoup de gens croient encore que de trier leurs déchets et de recycler constituent des gestes suffisants pour s’accorder l’étiquette d’« ami de la planète ». Cela dit, personne n’est parfait, et il faut souligner l’effort déployé par ces gens et les convictions qui les animent. (J’ai moi-même encore beaucoup à faire pour en arriver à un mode de vie zéro déchet…) Cette pratique, toutefois, démontre le manque de connaissance du grand public à l’égard du véritable problème : la consommation de ressources pour la production de contenants et d’emballages qui sont souvent à usage unique.
La liste des fausses croyances ou des méconnaissances des réels changements nécessaires est très longue. Visiblement, le message ne passe pas, du moins pas assez. Actions quotidiennes, pétitions, marches et partage d’articles pro-environnement sur les médias sociomumériques ne suffisent pas. Une profonde réflexion s’impose afin de voir s’opérer des changements concrets.
On a souvent adopté le discours du scénario catastrophe, du type « nous devons agir maintenant sinon il sera trop tard ». Une position alarmiste peut effectivement pousser les gens à se mettre en action à court terme. Mais à la longue, ils se fatiguent, délaissent en partie les habitudes instaurées dans un sentiment d’urgence et finalement modifient peu leur style de vie.
S’ensuit alors un contre-discours : on en veut aux « écolos » et aux « granos » qui tentent de freiner la croissance et qui nuisent à la création d’emplois. On les trouve trop émotifs et trop alarmistes. « S’ils veulent faire du compost et attendre l’autobus, c’est leur problème, mais qu’on me laisse faire comme je l’entends », lira-t-on régulièrement dans les fils de commentaires des réseaux sociaux. On exige également des personnes engagées publiquement pour la cause environnementale qu’elles aient un comportement irréprochable. Ainsi, du moment que l’on utilise sa voiture, il n’est plus possible d’affirmer qu’on se préoccupe d’environnement.
Au final, le discours alarmiste tout comme le contre-discours anti-écolos constituent des obstacles importants à l’instauration de mesures durables et des changements majeurs qui s’imposent. Par conséquent, plutôt que de se demander comment faire pour que la cause qui leur est chère soit entendue, les écologistes devraient se questionner sur les façons de créer un réel dialogue au sein de la population. Changer ses habitudes et mettre à jour ses connaissances est beaucoup plus facile à réaliser lorsque l’on nous propose des modèles positifs et que l’on peut partager son point de vue sans se sentir jugés par l’alarmiste « grano » qui se trouve en face de nous.