Cet article s’inscrit dans le cadre du projet Proche en tout temps porté par Le Gyroscope et Le Périscope, deux organismes de la Mauricie venant en aide aux proches de personnes vivant avec des problématiques de santé mentale. Ce projet est rendu possible grâce au soutien financier de l’Appui Mauricie. Pour rejoindre l’équipe du projet Proche en tout temps, contactez-les par courriel au info@procheentouttemps.org.Marianne Cornu, directrice générale, Le Gyroscope, janvier 2019 Le suicide chez les aînés est un sujet qu’on banalise trop fréquemment. On considère souvent certains symptômes associés à la dépression ou encore le fait de penser au suicide comme une manifestation normale du vieillissement, à tort. Selon l’Institut national de santé publique du Québec, 182 personnes de 65 ans et plus ont perdu la vie par suicide en 2015, dont 4 fois plus d’hommes que de femmes. Il s’agit d’un taux relativement bas comparativement au reste du pays. Plusieurs études sur le sujet démontrent en effet que les aînés d’ici sont en général satisfaits de leur vie. Malgré tout, ils demeurent nombreux à ressentir une grande souffrance psychologique.
Facteurs de risque
Parmi les facteurs de risque en ce qui concerne le suicide, il y a le fait d’avoir un trouble mental (notamment la dépression), le fait de présenter des antécédents d’idéations suicidaires ou encore de souffrir d’une maladie physique. On retrouve également la toxicomanie, les conflits familiaux, le deuil (en particulier le deuil du conjoint ou de la conjointe), un passage difficile vers la retraite, une perte d’autonomie, l’isolement, etc.
Chez les aînés, selon l’Association québécoise de prévention du suicide, on compte un suicide complété pour un nombre de tentatives allant de 4 à 8. Dans la population générale, c’est plutôt un suicide complété pour 25 tentatives. Il se peut qu’avec l’âge, une santé plus fragile augmente le risque de décès suite à une tentative. L’isolement peut empêcher la personne concernée de recevoir des secours à temps. Les moyens utilisés sont aussi plus létaux.
Facteurs de mitigation
Certains facteurs peuvent quant à eux favoriser une meilleure santé mentale. Avoir un réseau social est très important. Une implication bénévole permet de se sentir utile. Pour certains, encore, la pratique religieuse ou spirituelle donne un sens à la vie. L’entourage des personnes aînées peut jouer un rôle majeur dans le dépistage de la détresse suicidaire.
Être attentifs aux signes
Une personne aînée en dépression manifestera souvent davantage de symptômes physiques, de pertes de mémoire ou d’autres symptômes cognitifs que de la tristesse. Elle pourrait ressentir une perte d’énergie, d’appétit, souffrir d’insomnie, se sentir coupable, être agitée ou irritable… Des propos du type « bientôt vous serez débarrassés de moi » peuvent laisser entendre que la personne pense au suicide, tout comme penser souvent à la mort, être anxieux, se sentir sans espoir, en colère et s’isoler. Certains vont aussi accumuler des médicaments. L’entourage peut aider en étant attentif aux signes et en posant des questions, comme demander directement à la personne si elle pense à s’enlever la vie. Il est possible d’appeler avec elle un centre de prévention du suicide. En cas d’urgence, on se dirigera vers l’hôpital ou on appellera le 911. Que le danger soit imminent ou non, l’entourage pourra aider en étant présent, en axant sur les raisons de vivre de la personne aidée, sur ses forces, pour susciter de l’espoir. Les aînés répondent aussi bien que les personnes plus jeunes à la psychothérapie. Aller chercher de l’aide ne peut qu’être bénéfique, autant pour l’entourage que pour la personne aînée. Et il importe de se rappeler qu’en santé mentale, le rétablissement est possible, peu importe l’âge.