
Le texte suivant a été rédigé par des stagiaires dans le cadre de séjours d’initiation à la coopération internationale avec le Comité de solidarité/Trois-Rivières. Sa publication dans notre journal est rendue possible grâce au soutien du programme Québec sans frontières du ministère des Relations internationales et de la Francophonie.Gabrielle Landry-Latendresse et Marilou LeBel Dupuis, février 2019 À Cuba comme au Québec, un nombre grandissant de parents s’interrogent sur l’éducation sexuelle de leurs enfants : que vont-ils apprendre à l’école ? À quel âge ? Dans quel contexte ? Comment ? Qui va leur parler de ce sujet chaud ? Ces personnes sont-elles qualifiées ? Autant de questions sur lesquelles se penchent les centres provinciaux de prévention du VIH/Sida à Cuba. José Martinez Gonzalez, épidémiologiste, travaille pour le centre provincial de prévention du VIH/Sida de Granma, établi dans la ville de Bayamo, à Cuba. Également responsable des stagiaires Québec sans frontières (QSF) que le Comité de Solidarité/Trois-Rivières envoie chaque année dans cette ville cubaine, il a accepté de répondre aux questions de deux d’entre elles. Voici l’article qu’elles ont tiré de cet entretien.

L’éducation à la santé et à la diversité sexuelle ne s’effectue pas qu’à l’école, elle prend aussi sa place dans les rues de Bayamo.
Crédit : Gabrielle Landry-Latendresse – CS3R
D’abord une histoire de famille
Pour José, l’éducation à la sexualité commence et se fait en grande partie à la maison. Que ce soit à travers les conversations entre les parents et les enfants, ou par l’entremise de la radio ou de la télévision, c’est là que se développent les idées et les valeurs liées à la sexualité. Par contre, à Cuba comme au Québec, il y a des parents plus à l’aise que d’autres en ce qui concerne la sexualité. Pour pallier cette éducation inégale, les centres provinciaux de prévention du VIH/Sida, en collaboration avec le Centre national d’éducation sexuelle, offrent divers services pour bonifier l’éducation des Cubains et Cubaines sur le sujet, peu importe leur âge. Toujours selon l’épidémiologiste, le centre est l’une des sources principales d’information en ce qui a trait à la sexualité en général puisque l’on peut aussi s’y rendre en personne pour parler ou pour obtenir des condoms gratuitement.
L’éducation sexuelle dans les écoles
L’école n’est pas en reste puisqu’on y reçoit aussi une éducation sur la sexualité. Pour l’instant, on aborde ce sujet dès la 5e année. On commence avec quelques notions de biologie au primaire — le fameux discours sur l’origine des bébés — pour approfondir avec les années. À la sortie du secondaire, les jeunes ont eu une éducation sexuelle portant sur la biologie, oui, mais aussi sur la prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), et du VIH/Sida, ainsi que sur la diversité sexuelle, les relations saines de couple, la contraception et la grossesse à l’adolescence. Jusqu’ici, on y parlait très peu du consentement, mais le programme est en voie d’être changé sous peu. Sans remettre en question le travail réalisé par les enseignants, José pense que certains professeurs manquent de temps, certes, mais aussi de formation ou tout simplement ne se sentent pas à l’aise pour aborder le sujet. Il aimerait que les enseignants puissent obtenir davantage de formation pour assurer l’éducation sexuelle de la jeunesse cubaine. Néanmoins, les étudiants universitaires en enseignement ont maintenant à leur programme un cours sur l’éducation sexuelle (et comment l’enseigner). Par ailleurs, les départements provinciaux du ministère de la Santé offrent des formations aux professionnels de l’éducation qui sont intéressés. Au final, la situation cubaine n’est pas sans rappeler la situation québécoise en matière d’éducation sexuelle. Les deux nations semblent être toutes deux à un moment charnière, c’est-à-dire que l’on se questionne beaucoup sur la manière de prodiguer cette éducation sexuelle, et sur son contenu. De fait, au Québec comme à Cuba, il reste encore du travail à faire afin que l’éducation sexuelle des jeunes soit complète et soit effectuée par des personnes qualifiées.