De la fin de la Deuxième Guerre mondiale jusqu’aux années 1980, les inégalités économiques [1] avaient tendance à diminuer au Québec, au Canada et à l’échelle mondiale. Cette baisse était attribuable à la mise en place de politiques de redistribution des revenus à partir des années 1950, auxquelles était associé un système d’impôt progressif. Mais, dans les années 1980, des vents contraires ont contribué à remettre les inégalités sur le devant de la scène. Il y a d’abord eu les néolibéraux qui ont obtenu des baisses d’impôt pour les mieux nanti-es, ce qui a eu pour effet de restreindre les transferts sociaux. Puis a suivi la libéralisation de la finance, [2] qui a conduit à la crise mondiale de 2008, où le taux de chômage a doublé dans les pays industrialisés. Ces deux événements ont donc provoqué la recrudescence des inégalités.
Le portrait actuel
Les inégalités atteignent aujourd’hui des niveaux très élevées dans tous les pays. Selon le Laboratoire mondial sur les inégalités, [3] les 10 % les plus riches de la planète captent aujourd’hui 52 % du revenu mondial, tandis que la moitié la plus pauvre de la population mondiale n’en reçoit que 8,5 %. Les écarts sont encore plus grands du côté de la richesse, où les 10 % les mieux nanti-es en détiennent 76 %, alors que les 50 % les plus pauvres n’en possèdent que 2 %.
Au Canada et au Québec, on observe la même tendance. Selon la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke, la part des revenus captés par la classe moyenne (les 40 % du milieu) au Canada et au Québec baisse depuis 1980, même si on tient compte des impôts et des transferts sociaux. Et quand on compare les Québécois-es faisant partie du 1 % les plus riches avec la moitié de la population ayant les revenus les plus faibles, l’écart s’est accru d’un peu plus de 50 % depuis 40 ans. [4]

On observe que la hausse des inégalités affaiblit le désir d’accumuler des compétences, ce qui entrave le développement humain et la mobilité sociale et, par le fait même, le développement économique. Photo : Dominic Bérubé / © La Gazette de la Mauricie et des environs
L’impact des inégalités
S’il est admis que des inégalités accrues aggravent la pauvreté, on observe qu’elles ont aussi un effet négatif sur la cohésion sociale et le développement économique.
Sont associés à des inégalités accrues des taux plus élevés de problèmes de santé et sociaux, un degré de méfiance plus élevé entre les individus et une satisfaction plus faible des gens face à leur situation. Des études [5] montrent en effet que plus les inégalités sont grandes, moins les gens sont heureux dans la population en général. On observe aussi que la hausse des inégalités affaiblit le désir d’accumuler des compétences, ce qui entrave le développement humain et la mobilité sociale et, par le fait même, le développement économique.
Force est de constater que nous devons combattre les inégalités dans notre société. Des études montrent que les coûts engendrés par les inégalités sont plus élevés que les sommes nécessaires à leur élimination. [6] D’où l’urgence d’agir pour mettre un frein aux inégalités dans notre société.