À l’origine, Noël était une fête païenne visant à célébrer le solstice d’hiver. Par la suite, elle a pris un caractère religieux, notamment dans l’Église catholique. Récupérée ensuite par l’idéologie matérialiste, cette fête glorifie aujourd’hui le consumérisme. Il est maintenant temps de lui donner une autre vocation : celle de contribuer à la transformation positive du monde.
Le sens que revêt la fête de Noël, comme toute notre organisation sociale, découle du choix d’adhérer collectivement à la même histoire, au même récit. Par exemple, rien n’est considéré plus normal que de travailler à temps plein, de placer ses enfants à l’école, de s’acheter une propriété, de conduire une voiture et d’offrir des cadeaux à son entourage à Noël.
Or, l’effet destructeur de la consommation débridée généré par nos habitudes ancrées n’est plus à démontrer. Le calcul du jour du dépassement nous met chaque année devant une funeste observation : nous dilapidons en moins de trois mois l’équivalent en ressources de ce que peut produire le territoire canadien dans l’année.
À la lumière de ce constat, il devient désormais nécessaire d’entrer en résistance contre la logique à l’origine de cette destruction massive des écosystèmes qui nous supportent. Dans le Petit manuel de résistance contemporaine, l’auteur et réalisateur Cyril Dion, à qui l’on doit notamment le documentaire Demain, explique que si nous voulons véritablement transformer la société, il nous faudra réussir à créer un nouveau récit qui viendra remplacer le récit dominant actuel, matérialiste et consumériste. Nous pouvons commencer dès aujourd’hui à jeter les bases de ce nouveau récit en transformant Noël en une fête qui se rapproche davantage de notre nature humaine raisonnable, généreuse et altruiste.
Retrouver le sens de la mesure
Les changements à venir seront basés sur la remise en cause de nos besoins et désirs immodérés, une démesure économique qui s’illustre dans la folie du magasinage de Noël. Profitons de l’occasion pour nous interroger sur nos besoins matériels. Offrir des jouets en plastique à base de pétrole, est-ce la meilleure façon de montrer notre amour à nos enfants ? Réfléchissons à des notions qui nous feront progresser : les limites, la frugalité, le respect, le temps.
Donner autrement
Dans un livre paru l’an dernier, le philosophe Peter Singer nous fait découvrir « l’altruisme efficace », une « philosophie et un mouvement social qui consistent à utiliser une démarche scientifique pour trouver les moyens les plus efficaces de rendre le monde meilleur ». Ainsi, plutôt que de dépenser 600 $ en cadeaux de Noël (moyenne canadienne), une personne pratiquant l’altruisme efficace se demande comment elle pourrait faire le maximum de bien avec cette somme. Par exemple, combien de moustiquaires pour protéger des enfants du paludisme pourriez-vous offrir, via une organisation humanitaire, pour 600 $, sauvant potentiellement autant de vies dans les pays où il sévit ?
Dorloter son écosystème humain
Devant les effondrements anticipés de la biodiversité et de la stabilité climatique, notre propension humaine naturelle à l’entraide nous aidera peut-être à nous sortir d’affaire, en tant qu’espèce. C’est du moins ce qu’avancent les chercheurs Pablo Servigne et Gauthier Chapelle dans leur ouvrage L’entraide, l’autre loi de la jungle. Que l’on y croit ou pas, il est indéniable que se créer des bons moments ensemble, marcher, jouer dehors, se déconnecter de l’Internet, cuisiner, se raconter des histoires, s’embrasser sont autant d’activités qui rendent heureux et dont l’empreinte écologique est minime. Et qui sait, c’est peut-être ainsi que nous commencerons à tisser le réseau d’entraide qui transformera la société de demain.