Critique littéraire Alexis Lambert

Le deuxième roman de Paul Kawczak est paru aux Éditions La Peuplade à la fin de l’été. Avec Le Bonheur, l’écrivain franco-québécois nous livre un roman sur des enfants caché-es, pourchassé-es par les spectres du nazisme, dans une France au carrefour des heures sombres de l’Histoire.

Le Bonheur est d’abord l’histoire d’une région, celle de la Bourgogne-Franche-Comté. Près de Besançon, le château de Montfaucon se dresse, ruiné par les âges. C’est dans la grotte de ce château que trois enfants se cachent : Suzanne, Pinou et Jacquot. La ville est un refuge de résistants et de résistantes qui s’efforcent tant bien que mal de tenir tête aux soldats du Troisième Reich. Ces derniers errent dans la ville, sous l’ordre d’un officier SS, Peter Pannus, à l’allure d’outre-tombe et chez qui la cruauté n’est égalée que par l’horreur de l’aspect physique. 

Dans cette région aux frontières de la Suisse où le diable lui-même mijote dans la grotte sous le château de Montfaucon, les enfants sont aidé-es par une vieille épicière nommée Marcelline Beugnot mais aussi par une multitude d’animaux, comme les vaillants chiens Foiedeveau et Bandit.

À mesure que la guerre progresse, notre squelettique officier SS démoniaque resserre son étau sur Marcelline, qui cache les enfants, et les nazis font leurs battues de plus en plus proche de l’obscure grotte. 

Une structure lourdement conceptuelle

Kawczak joue avec les règles narratives, tentant de créer des structures et des atmosphères originales. Ce jeu conceptuel est plus ou moins réussi. Au début du récit, le charme est encore présent, grâce aux descriptions de la Franche-Comté et d’un mystérieux garçon qui vit dans des souterrains. Cependant, le charme s’amenuise avec le temps, et l’auteur tombe dans des jeux d’esprit qui n’amusent guère les lecteurs et lectrices.  Le Bonheur est structuré en deux parties inégales, et la dernière, présentée comme une sorte d’appendice, aurait gagné à être incluse dans le reste de l’histoire en y instillant des indices sur le contexte de certains événements.

Plein de digressions, le récit se perd entre ce qu’il veut dire et ce qu’il démontre. Bien que riche en personnages, il est difficile de s’y attacher à cause du manque d’intériorité et du caractère impersonnel de plusieurs d’entre eux.

Le Bonheur, de Paul Kawczak, est publié chez la Peuplade, 384 pages. Photo : Alexis Lambert / © La Gazette de la Mauricie et des environs

Un rendez-vous manqué

L’auteur avait marqué le paysage littéraire québécois en 2020 avec Ténèbres, un excellent roman  mélangeant réalisme magique et fiction historique dont l’action se déroule au Congo belge. Le roman, qui avait séduit par sa chaleur, avait néanmoins un défaut majeur au niveau de son épilogue. Le Bonheur se présentait donc comme une occasion d’offrir une rédemption à l’auteur, en corrigeant les défauts du premier opus. Malheureusement, l’œuvre frappe avec moins de force et les défauts qui ont marqué Ténèbres, sont encore présents. 

Le Bonheur s’impose comme une fresque à la mémoire des victimes de la Seconde Guerre mondiale. Les intentions sont nobles parfois, notamment au chapitre « 1942 » où l’on trouve une myriade d’informations sur les déportations françaises. Cependant, le récit est tarabiscoté et le livre peine, malgré une atmosphère intéressante et des tours conceptuels songés, à capter notre attention jusqu’à son dénouement.

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