*Rédigé par René Gélinas, en collaboration avec ses collègues de la Table éditoriale

Le gouvernement Legault veut en découdre avec les syndicats. Tel Batman et Robin, Legault et Boulet s’affichent en dynamique duo voulant mettre de l’ordre dans un syndicalisme qui, à leurs yeux, est au mieux archaïque et inadapté, si ce n’est corrompu et incapable de se gérer lui-même.

Dès cet automne, Robin monte au front pour semer la discorde. Le gouvernement, du creux de sa batcave, est en mission : moderniser le syndicalisme. Comment ? Réglementer l’utilisation des cotisations syndicales, modifier le processus des votes de grève, rendre publics les états financiers et, évidemment, rendre facultatives les cotisations syndicales qui n’auraient pas comme objectifs la défense des travailleurs et des travailleuses.

Rappel

Le système syndical est des plus démocratiques :

  • les sections locales et les regroupements syndicaux ont des statuts et règlements qui dictent les règles de gouvernance ;
  • les membres des exécutifs et des bureaux de direction des conseils sectoriels et régionaux sont élu-es en assemblée générale des membres ;
  • les propositions d’actions globales, de prises de positions ou d’interventions sont votées en assemblée générale ;
  • les cotisations syndicales, les mandats de grève ou encore les budgets pour les contributions syndicales à des organismes sont aussi votés en assemblée générale ;
  • les états financiers sont vérifiés par des comptables indépendants et audités par un comité de membres bénévoles, lui aussi indépendant.

Tirer à boulet rouge sur le syndicalisme

À un an des élections provinciales, la CAQ veut se refaire une beauté électorale. Mais ce pari contre les syndicats est pourtant risqué et irresponsable. Risqué parce que le Québec est une des deux provinces canadiennes avec le plus haut taux de syndicalisation (près de 40 %) et que ces personnes syndiquées sont aussi des personnes votantes.

Irresponsable parce que le syndicalisme a toujours été un moteur d’évolution des conditions de travail, autant celles des non-syndiqué-es que celles des syndiqué-es, parce que le syndicalisme a mené à des acquis sociaux bénéficiant à toutes et à tous, et parce que les interventions et les implications politiques et sociales des syndicats sont justifiées et même nécessaires.

« C’est un système de pratiques qui qui est dépassé, qui nuit aux travailleurs, qui nuit aux citoyens et qui nuit au Québec tout entier. » François Legault, 30 septembre 2025. [1]

C’est ce gouvernement qui est dépassé et irresponsable

Ce qui est dépassé, c’est ce gouvernement caquiste. Sa déroute, et les sondages le démontrent, l’amène sur la pente glissante d’une idéologie datant de Duplessis. Et dire que le syndicalisme est un système de pratiques qui est dépassé, qui nuit aux travailleurs et travailleuses, qui nuit aux citoyens et citoyennes et qui nuit au Québec tout entier, ce n’est pas qu’irresponsable, c’est du délire.

Retournez lire le cahier spécial de La Gazette sur le syndicalisme (textes d’Élodie Grenon, février 2024) et aussi les écrits de l’historien du syndicalisme Jacques Rouillard. Vous constaterez que les syndicats ont toujours été engagés dans les dossiers de protection et de défense des droits des personnes syndiquées et non syndiquées, et de la société en général.

Voici quelques exemples de l’implication politique des syndicats pour faire avancer des dossiers :

  • diminution de la longueur des journées et des semaines de travail ;
  • congé de la fête du Travail ;
  • régime d’assurance maladie ;
  • congés de maternité et parentaux ;
  • réseau public de garderies ;
  • équité salariale ;
  • réforme de l’éducation (mémoire déposé par la FTQ un an seulement après sa création).

Les syndicats ont toujours joué un rôle de représentation politique et de présence sur la place publique pour mettre de la pression sur les gouvernements et pour informer la population. Il ne faut pas en douter : la réforme du régime syndical actuellement proposée par le dynamique duo Legault/Boulet, en plus d’être une ingérence outrancière dans la gouvernance syndicale, est vraiment une menace existentielle pour le syndicalisme.

Mais ce n’est pas la seule menace. On a vu, lors des dernières élections fédérales, que les conservateurs de Poilievre veulent eux aussi affaiblir les syndicats. Et, il y a quelques mois à peine, le ministre Boulet a vu son projet de loi 89 adopté par l’Assemblée nationale. Cette loi, qui remplace la notion de services essentiels par celle de services devant assurer le bien-être de la population, donne au ministre du Travail le pouvoir de mettre fin à un conflit de travail et de demander l’arbitrage pour dicter les conditions de travail.

Autres menaces… Beaucoup de conventions collectives sont maintenant des conventions matures qui, avec le temps, ont instauré un climat de sécurité et de confort dans la relation employé-es/employeurs. Non pas qu’il n’y ait plus rien de perfectible, mais la mobilisation devient plus difficile. C’est un défi de tous les jours dans le monde syndical (et communautaire), et cette mobilisation, si importante, devient de plus en plus laborieuse.

Ces derniers temps, les syndicats se font faire la leçon et subissent des attaques en règle des gouvernements (ou aspirants gouvernements) à des fins partisanes et politiques. Ils doivent conserver leur capacité de représentation politique pour répondre à ces attaques. Ils doivent aussi conserver leur capacité à mener des campagnes d’information. Et ils devraient certainement rappeler à la population l’histoire des syndicats et de leurs réalisations qui ont contribué à façonner la société québécoise d’aujourd’hui.

Source
[1] https://www.quebec.ca/nouvelles/actualites/details/default-298ded54c50e844833d79255f0c8c1ff-66115

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