JJean-Claude Landry Gazette de la Mauricieean-Claude Landry, Comité de Solidarité/Trois-Rivières, novembre 2018

On a tous assisté, un peu impuissants, au psychodrame collectif entourant la conclusion des négociations Canada-États-Unis pour le renouvellement de l’ALENA. Une négociation entourée du plus grand secret quant aux termes des discussions et qui a résulté en une grande déception au Québec. Des tractations longues et pénibles qui, selon l’organisme ATTAC-Québec, se sont soldées par des demi-victoires et d’importantes défaites.

Le libre-échange, pourtant soutenu par les théories économiques à la mode, ne peut qu’être bénéfique pour les économies nationales. Mais alors pourquoi consacre-t-on tant d’énergie à signer des accords de libre-échange sans cesse plus contraignants, alors que cela devrait aller de soi? Et pourquoi leur impact réel sur la qualité de vie des populations suscite-t-il tant de questionnements et de controverses?

Concernant le Canada et le Québec, une étude rendue publique par l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) et faisant le bilan provisoire de l’ALENA après plus de 24 ans de libre échange Canada-États-Unis-Mexique concluait de façon un peu déprimante que «  l’ALÉNA semble être à la source d’une désindustrialisation, et les salaires des travailleurs et des travailleuses n’ont guère augmenté pendant cette période. » Les responsables de l’étude ajoutaient « … l’ALÉNA comprend diverses clauses qui réduisent la souveraineté nationale, […] qui limitent les options de l’État en termes de politique industrielle. »

Au Mexique, le verdict à l’égard de cet accord commercial est sans appel. L’ALENA a profondément déstructuré l’agriculture mexicaine. L’importation massive de denrées alimentaires fortement subventionnées en provenance des États-Unis a gravement appauvri les populations paysannes et autochtones et causé préjudice irréparable à leur mode de vie.

Forcés d’abandonner leurs terres, laissées en jachère ou accaparées par l’industrie minière étrangère, les gens des campagnes sont devenus une main d’œuvre de misère pour les firmes américaines, japonaises, coréennes, européennes fabricantes de produits high-tech pour la grande industrie automobile ou électronique dans les maquiladoras.

Ces zones industrielles axées sur l’assemblage de produits destinés à l’exportation sont situées à proximité de la frontière du voisin états-unien. Pour le plus grand bénéfice des entreprises à qui le gouvernement mexicain consent d’importants avantages économiques comme l’exonération de pratiquement toutes formes de taxes, le libre rapatriement des capitaux et des bénéfices. Alors qu’elles profitent pleinement de la proximité géographique de la frontière américaine pour faire de précieuses économies sur les coûts de transport.

Alors que 85% du riz consommé au Mexique était d’origine nationale avant l’ALENA, après plus de vingt ans de libre-échange avec le Canada et les États-Unis ce sont 90 % de la consommation nationale de riz qui sont importés de l’étranger. Un renversement qui a rendu très vulnérable le peuple mexicain au plan de sa souveraineté alimentaire.

Les griefs sont nombreux : inégalités des conditions de travail et des salaires, dumping de produits américains, priorisation des investissements étrangers qui détruisent l’économie locale et ont campé le Mexique dans un rôle de fournisseurs de matières premières, crise des droits humains. Les reculs subis par la population mexicaine sont majeurs et avérés. Les plus récentes statistiques nationales du Mexique indiquent que le taux de pauvreté est passé de 52,4% avant la signature de l’ALENA à 55,1% vingt ans plus tard. Les salaires, eux, n’ont progressé que d’un maigre 4,1% en 21 ans, si l’on tient compte de l’inflation.

À la lumière du choc vécu par la population mexicaine et du bilan en demi-teinte de l’impact de l’ALENA ici, une question se pose : À qui profite réellement la libéralisation du commerce et la signature d’ententes à ce point contraignantes qu’elles limitent à l’occasion l’action souveraine des États signataires? En signant de tels accords les gouvernements travaillent-il réellement au bénéfice du bien commun? Ou sont-ils d’abord au service de secteurs économiques politiquement influents comme les grandes banques internationales, les sociétés pharmaceutiques, l’industrie pétrolière et les grandes entreprises multinationales pour n’en nommer que quelques-uns.

 

 

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