Par Claude Lacaille, Comité de solidarité de Trois-Rivières, mars 2017
Depuis plus de 30 ans, le Centre de promotion et de santé intégrale (CEPROSI), une ONG bolivienne, travaille à la santé intégrale des femmes autochtones de La Paz. Le Comité de solidarité /Trois-Rivières (CS3R) vient de réaliser une visite d’appui à cette organisation partenaire et a rencontré de nombreux centres de femmes qui permettent à leurs membres de retrouver leur dignité, de se prendre en main et de s’organiser pour se débarrasser de la violence familiale et sociale qui les paralysent. Le dynamisme libérateur de ces groupes est vraiment impressionnant.
En Bolivie, une étude épidémiologique sur la violence faite aux femmes constate que c’est dans la vie de couple et dans le foyer que les femmes sont exposées de manière permanente à de mauvais traitements. On estime que de sept à huit femmes sur dix sont victimes de violence. Devant cette épidémie, l’État bolivien s’est doté de normes juridiques élaborées et de services pour faire face au problème: la Loi intégrale pour garantir aux femmes une vie libre de violence fut promulguée en 2015. Mais cela n’est pas suffisant et la lutte pour les droits des femmes est loin d’être gagnée tant ici qu’à l’étranger. L’actualité nous rappelle que chez nous aussi, ces objectifs sont loin d’être atteints : les 1200 femmes autochtones assassinées, les abus subis par des femmes autochtones de Val d’Or, les affaires Ghomeshi et Sklavounos, etc.
« Il y a plusieurs années dans la grande zone du district Max Paredes de la ville de La Paz, nous avons formé un Centre de femmes avec quelques 70 participantes qui, de façon concertée, ont réussi à se relever. C’est ainsi que quelques-unes sont parvenues à mettre sur pied de petits négoces de couture, de vente de pâtisseries et de repas, d’autres ont représenté des organisations sociales de la zone… » CEPROSI – Bolivie
Nous avons un urgent besoin de politiques qui permettent d’atteindre efficacement l’égalité et l’autonomisation des femmes. Il est donc encourageant de constater que la ministre fédérale du Développement international et de la Francophonie, Marie-Claude Bibeau, a accueilli favorablement le document de la consultation menée l’an dernier par Affaires mondiales Canada. Une recommandation constante des participantes a été de faire de l’égalité entre les sexes une priorité distincte de l’aide internationale du Canada et de promouvoir l’autonomisation des femmes. « Je veux que les partenaires, dès qu’ils commencent un projet, consultent les femmes locales, affirme la ministre. Il faut absolument qu’elles participent à la prise de décision et que le projet contribue à leur développement et à leurs prises en charge. » Comme elle le fait remarquer, les femmes ont un grand impact sur l’amélioration des conditions de vie de leurs communautés. « Il faut changer notre méthode de travail et mettre au cœur de nos actions la dignité humaine et les personnes qui font face aux pires formes de marginalisation, plus particulièrement les femmes et les filles », ajoute-t-elle.
Cependant, une certaine inquiétude est ressentie dans les organismes de solidarité internationale, car la ministre a décidé d’attendre la publication du budget avant de présenter sa nouvelle politique d’aide internationale. Or, le Canada n’investit que 0,1 % de l’aide canadienne totale pour soutenir les organisations de défense des femmes, une somme de 5,2 millions annuellement, ce qui le classe au 15e rang des pays de l’OCDE. D’ailleurs le gouvernement canadien n’a dépensé que 5,8 milliards en aide publique au développement durant la même année, ce qui ne représente que 0,28 % du PIB. La cible fixée par les Nations Unies est de 0,7 % et il faudra redoubler d’efforts pour atteindre cet objectif le plus rapidement possible. Le budget fédéral nous dira si le gouvernement, cette fois-ci, saura honorer ses promesses envers les femmes.
Pour agir et en savoir plus
Comité de solidarité/Trois-Rivières
819 373-2598