Jean-Claude Landry, juin 2016
La Semaine québécoise des familles, vous connaissez? Cet évènement annuel qui se déroulait du 9 au 15 mai dernier, a pour buts de promouvoir et valoriser les familles. Des familles qui le méritent selon la toute récente enquête de l’Institut de la statistiques du Québec sur l’expérience des parents d’enfants de 0 à 5 ans. Près de 50% d’entre eux vivraient du stress parental ayant «…souvent ou toujours l’impression de courir toute la journée pour faire ce qu’ils ont à faire….». Et loin de diminuer après l’âge de cinq ans, ce stress augmenterait avec l’âge des enfants. Avoir des enfants pour le fun? Pas vraiment!
Et ce n’est pas la mise en place des mesures d’austérité, notamment celles touchant les services de garde, qui va améliorer la situation. Dans ces circonstance, on peut se demander si les familles québécoises, à qui on transfère le fardeau financier de préparer la relève de notre société, avaient cette année « le coeur à la fête ».
En augmentant drastiquement les frais de garde pour plusieurs familles utilisatrices des services des Centre à la Petite Enfance, en même temps qu’on réduit les budgets des ces mêmes CPE, quel message envoie-t-on aux parents? Celui d’assumer leur choix d’être parents sur la base du principe de l’utilisateur payeur sans tenir compte de leur apport au développement de la société québécoise?
Ne serait-ce qu’au plan du défi démographique auquel fait face le Québec, les parents apportent une contribution essentielle.
Déjà sensible aux enjeux liés à la décroissance démographique, le Ministère de l’emploi et de la solidarité sociale soulevait, dans une une étude publiée en 2004, un certain nombre d’inquiétudes reliée à la diminution de la natalité: vieillissement accéléré et déclin de la population active, la pénurie de main d’oeuvre, majoration des dépenses sociales, pressions accrus sur les régimes publics de retraite et difficulté pour l’État de financer l’ensemble des services.
Et cela sans parler d’autres répercussions à caractère culturel et politique comme la baisse du poids relatif de la population du Québec dans l’ensemble du Canada et ses conséquences sur le plan politique et l’avenir du fait français en Amérique du Nord.
La décision d’avoir un enfant relève d’un choix individuel ou familial mais celle-ci a indéniablement dans la société qui accueille cet enfant, lequel demain contribuera, à titre de citoyen et de travailleur, à la richesse sociale et économique de la collectivité. Nous sommes donc collectivement redevables de la contribution sociale des parents
Sous le titre choc « T’as pas d’enfant, tu m’en dois une », Bianca Longpré, blogeuse au HuftingtonPost, s’exprimait ainsi à ce propos: « Je travaille, je paie des impôts et en plus j’élève des enfants. Sans enfant, sans relève, la société ne fonctionne plus. Ça prend des kids. Ça prend des gens qui décident d’avoir des kids. Pourtant, je ne retire aucun bénéfice de la part de l’État pour mon travail de parent. Comme je gagne bien ma vie, financièrement l’État ne me donne rien. Sans compter que la société ne valorise pas vraiment le statut de mère et de père. »
Voilà des propos qui font bien mal paraître le principe du parent utilisateur-payeur si cher au gouvernement Couillard. Ne reviendrait-il pas, en effet, à la collectivité la responsabilité d’assumer les coûts des services publics requis par les enfants plutôt que d’ajouter à la facture des parents?
Reconnaître la contribution sociale des parents exige la mise en place d’un nouveau contrat social liant la société québécoise et ses familles pour rendre accessibles des services éducatifs universels et de qualité à leurs enfants. Ces entants qui, demain adultes, assureront par leur travail et leurs impôts notre bien-être collectif.