Réal Boisvert, juin 2016
On sait que les services de garde, notamment grâce au réseau des Centres de la petite
enfance, procurent de nombreux avantages. Ils permettent aux femmes qui le désirent de demeurer plus longtemps sur le marché du travail ou bien d’y accéder plus facilement. Ils favorisent le développement des enfants de multiples façons, tout autant au plan affectif, cognitif et social. Plus rarement toutefois note-t-on à quel point ils constituent un formidable outil de réduction des inégalités sociales, et cela à un coût particulièrement avantageux quand on sait le prix qu’il faut payer pour lutter contre les ravages que cause la pauvreté chez les enfants.
C’est ce que nous démontrent les résultats de la dernière enquête québécoise sur le développement des enfants (EQDEM, 2012) menée auprès de tous les enfants du Québec au moment de leur entrée à la maternelle. Le questionnaire de l’enquête (Instrument de mesure du développement de la petite enfance) a permis d’évaluer leurs compétences sociales, leur maturité affective, leur développement cognitif et langagier, leurs habiletés de communication et leurs connaissances générales. Les enfants dont le score est le plus faible à l’échelle de cette mesure ont été considérés comme étant vulnérables au regard de leur développement. Au total, toutes catégories confondues, 20 % des enfants se retrouvent dans cette situation.
Or le graphique ci-contre nous apprend que ce pourcentage grimpe à tout près de 50 % pour les enfants de milieux très défavorisés qui n’ont pas fréquenté un service de garde, cela en comparaison de 27 % pour les enfants très favorisés qui eux non plus n’ont pas eu recours à un tel service. Selon les cinq catégories de défavorisation illustrées sur ce graphique, tous les pourcentages sont à la baisse pour les enfants qui ont fréquenté un service de garde.
Mieux encore, cet effet se fait fortement sentir auprès des enfants très défavorisés, tellement que, sur ce point, ceux qui parmi eux ont fréquenté un service de garde se comparent, en proportion, aux enfants vulnérables de milieu favorisé qui n’en ont pas fréquenté un.
C’est ainsi que par une simple politique de services à l’enfance, on en arrive à corriger le déficit relatif de développement des enfants défavorisés, cela en ramenant ces derniers au niveau des enfants mieux nantis qui arrivent directement à l’école sans passer par un service de garde. Imaginez ce que l’on pourrait faire si on agissait directement sur la situation socioéconomique et sur les conditions de vie des parents et des enfants défavorisés !