Le budget du Québec déposé par le ministre des Finances Carlos Leitão cette semaine laisse nos communautés sur leur appétit. Malgré quelques annonces ou rappels d’investissements, l’argent réinjecté dans nos collectivités représente bien peu comparativement aux compressions des dernières années.
La Table régionale des organismes communautaires en santé et services sociaux du Centre-du-Québec et de la Mauricie (TROC CQM) entrevoit une mince lueur d’espoir, alors qu’une augmentation de 80 M$ sur 5 ans est prévue pour les organismes de ces secteurs. Pour les années préélectorales, l’augmentation se chiffre à 10 M$ par année ce qui représente une indexation d’environ 1,7 % du financement.
« Les sommes annoncées par le budget ne suffisent pas à rattraper le retard causé par des années de sous-financement, mais nous reconnaissons l’effort. C’est un premier pas dans la bonne direction sur une voie qu’on a longtemps cru complètement bloquée. Reste à savoir sous quelle forme cet argent sera distribué et quand il sera versé aux groupes », affirme François Landry, coordonnateur de la TROC CQM.
Les groupes communautaires en santé et services sociaux revendiquent depuis plusieurs années un meilleur financement à la mission. « Les dernières années ont été difficiles pour les organismes communautaires, rappelle M. Landry. Les politiques d’austérité du gouvernement Couillard ont fait très mal à la population. Elles ont engendré une augmentation de la demande à laquelle les groupes ont dû répondre avec des ressources financières limitées. »
L’enjeu du sous-financement fragilise les organismes de l’intérieur, confie M. Landry. Selon un sondage réalisé par le regroupement à l’automne 2016, près de 60 % des organismes communautaires rencontrent des problèmes de rétention de personnel. Pour la moitié de ces groupes, il a fallu prendre la dure décision de diminuer les activités durant la dernière année faute de ressources financières ou humaines suffisantes.
De son côté, la Table nationale des corporations de développement communautaire (TNCDC) se dit déçue et parle même d’une « opportunité ratée de réinvestissement dans l’action communautaire ». Elle déplore la stagnation du financement des CDC depuis 2010 qui, dans les faits, occasionne une compression de près de 5% si l’on considère l’augmentation du coût de la vie.
De plus, le budget 2017-2018 n’annonce rien de véritablement nouveau pour mener la lutte à la pauvreté. Ce fait est conséquent avec la décision du ministre François Blais de reporter à l’automne le dévoilement de son plan de lutte à la pauvreté et l’exclusion sociale.
« Pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, le gouvernement doit développer un plan gouvernemental global et structurant, souligne Marie-Line Audet, présidente de la TNCDC. Il incombe au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale et au ministre de s’assurer de l’engagement de tous les ministères concernés et de la création de politiques harmonisées entre ceux-ci ».