Diane Lemay, mai 2016
« Putains! », « Salopes! » « Vous déshonorez vos familles! » « Rentrez chez-vous! » C’est ce qu’entendent tout au long de la route ces femmes saoudiennes bravant sur leur vélo les interdits culturels, moraux et religieux.
Ces dernières, par leur audace, font avancer les droits des femmes. Elles pédalent contre les stéréotypes. Cependant dans plusieurs pays et régions du monde le vélo demeure interdit aux femmes.
Le vélo interdit aux femmes
En Arabie Saoudite, les femmes n’ont obtenu le droit de pédaler qu’en 2013. Elles doivent cependant se plier à un code vestimentaire soumis à la loi islamique, c’est-à-dire voilées de la tête aux pieds et le faire en compagnie d’un homme de leur famille (mari, frère, fils). C’est pourquoi plusieurs hésitent par peur de se faire agresser verbalement et physiquement. Faire face aux propos déplacés, aux regards désapprobateurs est un combat de tous les jours pour la femme qui monte à vélo. Faire de la bicyclette est très mal vu. Oublions l’utilisation du vélo pour se rendre à l’école ou au travail.
En 2013, Haifaa Al-Mansour Saoudienne a réalisé un film présenté aux Oscars de 2014 pour le meilleur film étranger. « Wadjda » raconte l’histoire d’une jeune fille saoudienne rêvant d’une bicyclette. Ce récit nous introduit dans l’intimité des femmes de ce pays et nous permet d’avoir sous les yeux tous les interdits auxquels elles sont confrontées quotidiennement.
Des femmes pédalent pour leur liberté
Dans le court documentaire « Afghan Cycles » sur l’équipe féminine nationale d’Afghanistan, Zahra Hussaini, entraîneure afghane souligne « que les gens disent tout et n’importe quoi. Si nous les avions écoutés, nous ne serions jamais sorties de chez-nous. Mais nous avons une expression chez-nous qui dit : si vous restez assis, les autres resteront assis ». En roulant, elles arrivent à briser un peu les stéréotypes. Rien ne les dissuade de relever ce défi, ni le harcèlement de rue, ni les menaces.
Un projet innovant d’aide à l’équipe afghane a été mis sur pied par Women’s World Wide Web. Le projet W4, Mountain2Mountain vise à promouvoir le cyclisme féminin en Afghanistan. Leur partenariat soutient les premières femmes cyclistes qui font partie de l ‘équipe nationale de cyclisme féminin récemment créée, en offrant une formation et du coaching.
Une jeune Gazaouie de 24 ans Sara Sleibi et ses amies ont décidé de faire fi des interdictions ultra-conservatrices religieuses. Elles enfourchent leurs bicyclettes pour des tours de 5 kilomètres vêtues de leggings, gilets longs et souliers de toile. Elles constatent que malgré tout plusieurs personnes les encouragent à persévérer.
Tout comme au début du dernier siècle en Occident, la bicyclette se présente aux femmes des pays en voie de développement comme un moyen privilégié d’accès à la liberté, un outil d’émancipation. Pour cette raison, germent un peu partout dans les pays des clubs féminins et communautaires de cyclisme.
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SOURCES :
http://information.tv5monde.com/terriennes/le-velo-fait-avancer-les-femmes-37045
http://www.slate.fr/story/104509/velo-outil-emancipation-femmes
https://www.w4.org/fr/project/soutenir-cyclisme-feminin-afghanistan/