Photo : Monkey busines

Élections à la chambre des représentants

À chaque deux ans, lors des élections présidentielles et de mi-mandat, la totalité des 435 sièges à la Chambre des représentants (Chambre basse) sont en jeu. Chaque membre de cette chambre représente la population du district où il a été élu.

Le rôle de la Chambre des représentants, établi par la constitution, est de proposer et de voter les lois fédérales. Mais il y a aussi un rôle peu connu de la Chambre des représentants, qui peut prendre une importance cruciale lors des élections présidentielles : celui d’élire le président ou la présidente si aucun des candidats ou candidates n’a accumulé 270 votes ou plus des grands électeurs.

En pratique, cela signifie que si le parti recevant le plus de votes du Collège électoral en obtient moins que 270, il y aura un vote à la Chambre des représentants pour choisir qui sera à la présidence. Mais attention : ce vote ne sera pas un vote ordinaire sous la forme de « un représentant, un vote ». Lors de ce vote spécial, le président ou la présidente sera élu-e par la Chambre des Représentants où chaque état aura un et un seul vote. Et en nombre d’états, le rouge l’emporte!

Le casse-tête des courses électorales à la Chambre des représentants

Suivre les courses électorales pour les sièges à la Chambre des représentants, ou au Sénat, n’est pas simple. Les districts sont nombreux (435), les enjeux sont souvent très locaux, parfois peu connus en dehors des états ou districts concernés, et il y a souvent des candidats dont la popularité locale transcende la partisanerie politique de parti ou qui deviennent un choix du pis allé en réaction à un autre candidat moins désirable.

Un exemple de ce dernier point concerne le Sénateur Joe Manchin de l’état de la Virginie Occidentale. Cet état est républicain foncé, mais malgré cela, le Sénateur Manchin a été élu. En fait, ce n’est pas tant que ce Sénateur était si populaire ou apprécié aux États-Unis, mais un concours de circonstances a fait que localement, dans son État de la Virginie Occidentale, il a su faire grimper son taux d’approbation (et diminuer son taux de désapprobation) face à un concurrent, l’ancien gouverneur démocrate Jim Justice, qui n’avait vraiment pas l’assentiment des républicains. Le changement d’allégeance de Justice, passant de démocrate à républicain pour pouvoir bénéficier de l’appui de Donald Trump, ne l’a finalement pas servi.

Le Sénateur Manchin a fini par être élu en tant qu’indépendant et s’est aligné du côté démocrate. Il ne se représente cependant pas pour l’élection de cette année et il est à toutes fins pratiques certain que les électeurs de cet état opteront pour un candidat républicain.

La situation présente

Un autre problème dans le suivi des courses pour les sièges à la Chambre des représentants est qu’il n’y a pas ou peu de sondages pour faire un état de la situation par district.

La Chambre des Représentants est actuellement républicaine avec 220 représentants contre 212 pour les démocrates, et trois sièges sont vacants. La course pour la majorité risque d’être plus serrée que celle du Sénat. Il y a 435 sièges à combler et il en faut au moins 218 pour détenir la majorité.

Les républicains ne doivent donc pas subir une perte nette de plus de deux sièges et les démocrates doivent faire un gain net d’au moins 6 sièges, en tenant pour acquis qu’il n’y aura aucun siège vacant.

Selon le site The Cook Political Report[3], l’état de la situation pour la Chambre des représentants peut actuellement ressembler à ceci :

  • Les démocrates ont une base solide de 174 candidats qui ont une forte probabilité d’être élus ou réélus, et de 16 candidats qui seraient possiblement élus ou réélus. Il ne leur en manquerait donc 28 pour se rendre à 218 et obtenir la majorité.
  • Il reste 10 districts avec un penchant démocrate modéré, et 12 districts (tous démocrates actuellement, sauf un) où les courses sont très compétitives et dont l’issue est incertaine. Même si les démocrates gagnaient ces 22 districts, ils seraient tout de même à court de 6 sièges pour la majorité et ils devraient arracher des sièges actuellement détenus par les républicains.
  • Du côté des républicains, la base solide est de 192 candidats avec une forte probabilité d’être élus ou réélus, et de 9 candidats qui seraient possiblement élus ou réélus. Il ne leur en manquerait donc 17 pour se rendre à 218 et obtenir la majorité, soit 11 de moins que dans le cas des démocrates.
  • Il reste au total 5 districts avec un penchant républicain modéré, et 15 districts (tous républicains actuellement) où les courses sont très compétitives et dont l’issue est des plus incertaine. On en est donc à une vingtaine de sièges potentiellement prenables pour les républicains alors qu’ils n’en auraient besoin que de 17.
  • Si on ajoute les 12 sièges actuellement détenus par les démocrates, mais dont un certain nombre pourraient basculer, on peut dire que les républicains cognent à la porte de la Chambre des représentants.

Le tiercé est possible, pour les républicains du moins

Si on ramasse ce que j’ai mentionné dans le texte de la semaine dernière à propos du Sénat, et dans celui-ci, on peut dire que ce n’est pas une hérésie d’admettre la possibilité que les républicains se sauvent, au lendemain du 5 novembre, avec la présidence, la majorité au Sénat et la majorité à la Chambre des représentants. Ils en salivent probablement déjà, mais ce n’est pas fini tant que ce n’est pas fini comme dirait Yogi!

Retour sur les sondages

 

Une semaine de plus de sondages qui font du sur-place ou à peu près. Ces bouquets de données scientifiquement assemblés, sensés nous mettre au parfum sur la pensée profonde des Américains, ne réussissent qu’à engourdir l’odorat politique des experts, analystes et commentateurs de toute espèce.

Il reste deux semaines et un jour avant l’élection et plus personne n’ose prendre position sur l’issue de cette course électorale. En fait, ce que j’ai entendu le plus souvent, et ce qui semble une certitude répandue, est que soit Trump va gagner l’élection, soit il en contestera les résultats. Comprenons donc que rien ne se termine le 5 novembre; tout commence.

Dans les intentions de vote nationales, 538 affichait, en septembre, une avance de 3,7 points de Harris, réduite aujourd’hui à 2,1 points, et à 0,9 points selon RCP. Rien de probant à tirer de ces nombres. Seule donnée fiable : la date de l’élection.

Pour les états pivots, c’est un peu la même chose au détail près que pour six de ceux-ci la tendance est tout de même à la baisse pour les démocrates. En Caroline du Nord, c’est plutôt le statuquo. La maigre avance que pouvait détenir les démocrates au Wisconsin et au Michigan a fondu lors des dernières semaines et, au final, même l’analyse la plus fine des courses dans les états pivots n’éclaire pas plus qu’une veilleuse la nuit dans le désert.

Cette semaine

  • Le journaliste Bob Woodward, auteur de Fear, a sorti le livre War qui parle, notamment, du copinage entre Trump et Poutine. En plus d’avoir communiqué secrètement avec Poutine à plusieurs reprises après la fin de son mandat, Poutine a aussi été approvisionné par Trump en tests pour la Covid alors que ses efforts pour convaincre les Américains de les utiliser ont été pour le moins timides.
  • Cette semaine, on a aussi appris que Tim Walz, le colistier de Kamala Harris, serait en faveur de l’abolition du collège électoral au profit d’une élection au vote populaire national. [4] Il n’est certainement pas le seul à vouloir une modification du système électoral (Hilary Clinton l’a déjà dit), mais ne comptez pas là-dessus prochainement.
  • On a enfin su d’où nous venait la fécondation in vitro. Le 15 octobre, Trump l’a avoué à toute l’Amérique : il s’est autoproclamé The Father of IVF. Au moins son imagination est fertile! Un peu plus tard dans la semaine, il a aussi affirmé que la masculinité des Américains était en danger.
  • Plus sérieuse comme préoccupation : la vision de Trump que les démocrates sont les ennemis de l’intérieur (The enemy from within).
    • I think the bigger problem is the enemy from within. Not even the people that have come in and are destroying our country, a-t-il dit. We have some very bad people. We have some sick people, radical left lunatics. And it should be very easily handled by, if necessary, by National Guard, or if really necessary, by the military.
  • Entrevue à Fox : Harris a encore du chemin à faire dans sa préparation en ce qui concerne l’immigration. Mais on doit aussi dire que l’entrevue a été conduite avec une éthique journalistique discutable. Sauf que malgré tout, l’immigration est le sujet incontournable et le fer de lance des reproches républicains envers les démocrates. Il n’y a pas d’excuses à ne pas être prête.

Yahya Sinwar, chef du Hamas et responsable des attaques du 7 octobre 2023 a été tué par les Israéliens d’une balle à la tête selon le médecin légiste qui l’a autopsié. Son corps devient possiblement une opportunité de récupérer les otages israéliens en échange. [5] Si certains espèrent que la décapitation du Hamas aura un effet d’apaisement sur le conflit, la tentative d’attaque contre la résidence personnelle de Netanyahou qui s’en est suivie samedi dernier n’a rien d’une dose de sédatif pour le Premier ministre israélien.

Sources 
[1] https://projects.fivethirtyeight.com/polls/
[2] https://www.realclearpolling.com/
[3] https://www.cookpolitical.com/ratings/house-race-ratings
[4] https://thehill.com/homenews/campaign/4923526-minnesota-gov-walz-electoral-college/
[5] CNN, The Source with Kaitlan Collins

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