À presque pareille date l’année dernière, plus de 350 personnes se réunissaient au parc Laviolette, à Trois-Rivières, afin de manifester pour le maintien de l’autonomie du secteur communautaire. Cette année, il ne s’agit pas seulement d’une manifestation, et ce ne sont pas les mêmes groupes qui organisent l’événement : il s’agit d’une grève de services pendant quatre jours afin de dénoncer la précarité du financement des organismes communautaires et de revendiquer une meilleure reconnaissance de leur rôle essentiel dans la société. Pour Mathieu Gélinas, co-porte-parole du mouvement Le communautaire à boutte !, cette grève marque un changement de ton.
Selon lui, le milieu communautaire se trouve à un moment charnière. « Ça fait une dizaine d’années qu’on se bat pour la justice sociale. Il y a pas mal de gens dans le milieu qui se sentent essoufflés après des années à répéter les mêmes arguments. Hier, ce qu’on a senti, c’est qu’on pouvait partager ça », affirme-t-il. Caroline Chartier, l’autre co-porte-parole, parle quant à elle d’un mouvement en germination : « On a planté une graine. On lui a mis une bonne couche de terreau et, au printemps, ça va éclore. »
À la manifestation du 22 octobre dans les rues de Shawinigan, une des activités organisées pendant la grève, près de 1 200 personnes ont défilé. Des travailleur-euses de Drummondville, Bécancour, Québec et Lanaudière étaient présent-es, en plus de gens de regroupements nationaux venus amplifier le message. « Les yeux brillaient, les gens étaient fiers d’être là, de faire partie d’un mouvement plus grand qu’eux », dit Mathieu Gélinas.
Une forme de violence
Mais derrière cette fierté se trouve une colère profonde. Une colère que plusieurs hésitaient à nommer jusqu’ici. « L’indifférence du gouvernement, on la vit comme une forme de violence. Hier, on s’est permis d’être en colère, ensemble. Et ça, ça change tout », poursuit Mathieu Gélinas.
Si cette manifestation a représenté un moment fort, elle marque surtout le début d’une série de mobilisations. Les organisateur-trices espèrent multiplier les appuis, « contaminer » d’autres régions et porter la bataille jusqu’aux instances politiques. « Ce qu’on a lancé, ce n’est pas juste une marche. C’est un mouvement qui prend de l’ampleur. On place nos pions pour le printemps », conclut Mathieu Gélinas.





