Le dimanche 5 juillet 2015, pour la dernière soirée du Festivoix, une programmation indie était à l’affiche pour la scène Loto-Québec des voix populaires. En première partie de la première partie, Emilie & Ogden ; Emilie, la chanteuse, puis Ogden, sa harpe. Il s’agit sans contredit d’un instrument d’un autre âge, très délicat et complexe à maîtriser. Ce soir-là, la harpe, la voix et les instruments ne faisaient qu’un, proposant à leur public des compositions envoûtantes. Plus d’un est tombé sous le charme discret des mélodies d’Emilie & Ogden, mais également de la charmante personnalité de la vocaliste, qui dégageait une élégance innée, miroitée dans ses créations.
La deuxième partie, ou devrais-je dire la deuxième partie de la première partie, était la très attendue et bien-aimée formation The Franklin Electric. Ils avaient fait partie de la soirée indie au Festivoix l’an dernier en compagnie de Mac Demarco, Groenland et Half Moon Run ; le public a eu un tel coup de foudre pour The Franklin Electric que l’organisation du festival n’a tout bonnement pas pu s’empêcher de les inviter à nouveau. Ce dimanche-là, le public connaissait la majorité des paroles du groupe et a été ravi d’entendre un bon nombre de nouvelles chansons à apparaître dans un nouvel album que l’on souhaite arriver bientôt. Jon Matte et ses musiciens ont été en tournée un peu partout au Québec depuis plusieurs mois pour promouvoir leur premier album, This Is How I Let You Down. Une chose est certaine : même les néophytes du groupe savent que leurs performances sur scène sont aussi, sinon plus, vertueuses que leur musique en studio. De quoi passer une belle soirée.
Après un délai afin que l’équipe puisse installer des lampes sur la scène (lampe que l’on peut voir sur la couverture de son plus récent album Love Songs for Robots), Patrick Watson et ses nombreux acolytes se sont montré le bout du nez. Le musicien préfère ne pas participer à des couvertures médiatiques, ce qui fait que son visage est souvent inconnu du public. Or, il a été impossible de se tromper dès qu’il s’est mis à chanter avec son flasetto unique, sa casquette et son génie créatif. Patrick Watson s’est installé au piano à queue et était entouré d’une quantité impressionnante de mouches. Il a su envelopper la foule dans une sorte de bulle, grâce à de la fumée et ses lampes, le tout créant une atmosphère feutrée, dans laquelle chacun se sentait seul à seul avec la musique. Les petites manies de l’artiste se sont tout de suite fait remarquer, Watson ne tenait pas en place et éclatait souvent d’un rire insolite à tout moment lors d’une pièce. On parlait plus tôt de mouches, eh bien ! Celles-ci ont ajouté un élément cocasse à la performance de l’ensemble : Marie-Pierre Arthur, qui comptait exceptionnellement parmi les choristes, a reçu la visite d’un insecte dans sa camisole et le claviériste en a avalé une. Pour le rappel, les fans ont été gâtés avec une interprétation seul au piano de Watson de la célèbre pièce « To Build a Home » (à défaut d’avoir entendu « The Great Escape »). En rétrospective, c’était une soirée qui en a fait rêver plus d’un.
Magali Boisvert, La Gazette de la Mauricie