La participation sociale et la mobilisation citoyenne s’inscrivent dans l’ADN de la démocratie. En leur absence, les décrets et les coups de force ne rencontrent aucun obstacle. Ceux qui les promulguent ignorent la volonté populaire et font à tout coup triompher les intérêts particuliers de quelques-uns aux dépens de la sauvegarde du bien commun. Il reste que l’intérêt pour les affaires de la cité doit faire l’objet d’une préoccupation constante et non uniquement se manifester tous les quatre ans lors de l’appel aux urnes.
C’est pourquoi La Gazette de la Mauricie s’est opposée dès la première heure au démantèlement de la Conférence régionale des élus et à la mise à l’écart de la société civile. Même réaction au regard de la création du CIUSSS et de la disparition des conseils d’administration dans les établissements de santé. De la même façon, voilà aussi pourquoi nous déplorons, dans la foulée du projet de loi 122, l’abolition des référendums auxquels ont recours les citoyens pour s’opposer à certaines modifications des schémas d’aménagement dûment adoptés par les municipalités dans leur plan d’urbanisme.
Soyons clairs. En l’état actuel des choses, n’importe qui ne peut s’opposer à n’importe quoi n’importe quand. Bien au contraire, la tenue d’un référendum au sein des municipalités se voit assortie de conditions très précises. Plus particulièrement, elle doit être exigée par un nombre significatif de citoyens. Et même alors, l’issue de la consultation, si elle a lieu, est loin d’être acquise. Chose certaine, si le résultat du vote est favorable à la modification du plan d’urbanisme, ce sont les fondements de l’acceptabilité sociale qui se trouvent renforcés, une condition propice s’il en est, au mieux vivre ensemble et au développement durable. Comment s’opposer à cela?
Comment au surplus ne pas encourager davantage les processus consultatifs, surtout dans un contexte où les réalités environnementales sont plus préoccupantes que jamais. On pense ici à tous ces précédents qui ont permis à certains promoteurs d’empiéter sur les espaces verts, de remblayer les berges ou de saccager les milieux humides. Devrions-nous accorder une confiance aveugle aux dirigeants municipaux au moment où plusieurs d’entre eux réclament moins de démocratie participative?
Enfin, les groupes écologistes n’ont pas tort de craindre que le projet de loi 122 ouvre la porte toute grande au dézonage agricole. La tentation est forte quand on sait que les projets immobiliers rapportent beaucoup plus aux municipalités en termes de taxes foncières en comparaison à la protection des terres arables. Dans la même veine, on ne voit pas comment les projets de requalification du territoire – ô doux euphémisme! – qui favorisent l’étalement urbain, avec son impact sur la pollution atmosphérique et sur la perte de biodiversité, devraient être autorisés en l’absence de processus décisionnels élargis.
Tout n’est peut-être pas perdu. Comme le répètent plusieurs maires favorables au projet de loi 122, ceux et celles qui ne sont pas contents n’ont qu’à les chasser du pouvoir lors de l’élection générale. Fort bien, l’occasion est belle de les prendre au mot. En novembre prochain, profitons de la tenue du scrutin pour élire des hommes et des femmes pour qui les consultations populaires ne constituent pas un frein au développement, mais un pas de plus en vue d’un avenir meilleur.