La culture du viol : en quoi elle nous concerne toutes et tous

Un texte de Ruth Charbonneau, intervenante psychosociale

Parce qu’elle est partout …

« T’as vu comment elle était habillée ? C’est sûr qu’il ne pouvait pas se retenir ! » ou encore « Elle avait bu beaucoup d’alcool, si elle ne voulait pas se faire agresser elle avait juste à ne pas boire ! »

Voici deux exemples de phrases que l’on a toutes et tous déjà entendues ou même prononcées sans s’en rendre compte… Ces paroles pourtant banalisées dans notre société ont un impact immense sur les personnes qui ont vécu une agression sexuelle. Elles s’articulent dans une problématique que l’on appelle la culture du viol. 

C’est quoi, la culture du viol ?

Selon le Regroupement québécois des CALACS (Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel), la culture du viol se définit ainsi : « La culture du viol est une expression désignant un environnement social dans lequel les violences sexuelles sont normalisées, banalisées, excusées ou même tolérées. » 

En gros, la culture du viol fait en sorte qu’une grande partie des agressions se produisent, encore à ce jour, sans être reconnues comme telles, ni sanctionnées ou condamnées (tant socialement que juridiquement). Cette culture a aussi comme effet de protéger les personnes qui agressent en mettant la faute sur les victimes. 

Pourquoi tout ce qui est lié à la culture du viol est inacceptable ?

Pour plusieurs raisons ! Tout d’abord parce qu’elle permet aux violences sexuelles d’exister, de se répéter et de continuer à être banalisées. Mais il y a aussi d’autres raisons.

Elle contraint les victimes au silence – Par exemple, quand on banalise ou minimise des agressions, par exemple avec les propos comme « T’exagères un peu, non ? », « T’es certain-e de ne pas avoir mal interprété ? », « C’est du passé, tourne la page ». À cause de commentaires de la sorte, les personnes survivantes craignent de ne pas être crues, d’être jugées ou rejetées par leur entourage. 

Résultat : elles se taisent, elles vivent seules avec leur souffrance et se sentent souvent responsables de ce qui leur est arrivé, alors que la responsabilité appartient uniquement à la personne qui agresse.

Elle protège les gens qui agressent – La culture du viol crée un climat de protection envers les personnes qui agressent. Dans la grande majorité des cas, on doute de la parole de la victime et on prend la défense du ou de la responsable de l’agression. On peut constater cela dans les discours populaires et même dans les médias où l’on peut lire des propos comme « Il a une carrière prometteuse, on ne peut pas l’accuser d’une agression sexuelle », « Tu vas briser toute la famille si tu en parles », « On ne va pas ruiner sa vie pour une erreur de jeunesse ».

En résumé : tant qu’on minimise, excuse ou protège les personnes qui agressent, on les encourage silencieusement à recommencer et on décourage les survivant-es de parler.

Elle nous maintient dans une société qui tolère la violence – Avec des commentaires du genre « Boys will be boys ! », « Tout le monde exagère avec le mot « violence » maintenant » ou encore « On ne peut plus faire de blagues aujourd’hui », on banalise les violences sexuelles, on les rend invisibles, voire tolérables. On fait comprendre aux victimes qu’elles doivent se taire ou même qu’elles sont responsables de ce qui leur est arrivé et on envoie le message aux responsables que ces actes ne sont donc « pas si graves que ça ». 

Ensemble, refusons que la violence soit la norme

Est-ce vraiment ce que l’on souhaite prôner comme société ? Absolument pas. Pour bâtir un monde plus juste, on doit refuser cette tolérance. Refuser la banalisation, refuser l’indifférence, refuser que la violence soit la norme. Il faut donc commencer par dénoncer cette culture et responsabiliser les personnes qui commettent les agressions.