La nation québécoise est réputée pour son sens de la fête et son goût prononcé pour les festivals. Or, cette spécificité festive de l’identité québécoise est ancrée depuis très longtemps.
Depuis la Nouvelle-France (1534-1763), les fêtes se vivent en famille ou entre voisins (fêtes de quartiers, fêtes communautaires) pour célébrer la fin des travaux aux champs grandes occasions, comme la noce ou les cérémonies de piété (fêtes religieuses), en passant par les soirées-bénéfice pour le bien de la communauté (fêtes de solidarité). [1] On prend plaisir à fêter en groupe dans un lieu transformé à cet effet; des moments qui donnent envie d’embellir le quotidien.
Par exemple, la tradition des « fêtes d’hiver » persiste et réapparait avec le carnaval, vers 1880, avec l’introduction de manifestations sportives. À la suite du Carnaval d’hiver de Montréal, organisé de février 1883 à 1889, c’est au tour de la capitale de se doter d’un événement du même genre, en 1894. C’est la première fois qu’on peut apercevoir des monuments de glace. [2] Ce festival est inséparable de la coutume chrétienne du carême, marquée par le jeûne et les privations. [3] Il s’agit d’un carnaval relativement sobre : courses de canot, de chiens et de raquettes, concerts publics et quelques bals. [4] Selon le sociologue Janin Huard, pour comprendre le « caractère festif » des Québécois, il faut se pencher davantage sur la question du climat et des hivers rigoureux pour apporter un éclairage anthropologique et sociologique.
Outre la fête du 1er mai, célébrée dès 1891 à Montréal par des groupes socialistes, et la structuration des loisirs par la création de l’Organisation des terrains de jeux (OTJ), en 1929, la fête est moins présente dans les milieux urbains au début du XXe siècle. Parmi les premiers spectacles-événements, qu’on peut comparer à des festivals artistiques, on pense à la Semaine de la musique qui a lieu à Montréal, du 28 mars au 4 avril 1925, ou aux compétitions du Dominion Drama Festival, fondé au cours de la saison 1932-1933. [5]
Si l’amateurisme domine les pratiques musicales jusqu’à l’entre-deux-guerres, des associations et des institutions professionnelles émergent dans les années 1940-50. Dans ses travaux sur Trois-Rivières, l’historienne Amélie Mainville élabore une distinction entre la période dominée par des artistes amateurs (1920-1934) et l’essor de la musique de concert (1935-1950) qui précède l’étatisation du domaine culturel au détriment des institutions religieuses. [6]
Jusque vers la fin des années 1950, d’après Marie Chicoine, les fêtes restent principalement liées à l’Église, à la famille et à l’organisation des loisirs. [7] Dans cette décennie, on voit la réapparition du Carnaval de Québec (1955) et du Carnaval-Souvenir de Chicoutimi (1960). Non seulement le terme « festival » est présent, dès 1955, dans la chanson-thème du Carnaval de Québec [8] – intitulée « Carnaval, Mardi gras » et composée par Pierre Petel, à la demande de Pierrette Roy – mais cet événement, qui tire ses origines de la fin du XIXe siècle et peut-être même au début de la colonie, est « le troisième carnaval en importance dans le monde. » [9] En s’appuyant sur l’étude produite par Martineau, Gascon et al. (1984), Francesca Désilets affirme que le carnaval d’hiver sert de modèle de base pour la mise en place des autres festivals. [10] Mais ceci, est une autre histoire…
Carnaval, Mardi gras, Carnaval
À Québec, c’est tout un festival
Carnaval, Mardi gras, Carnaval
Chantons tous le joyeux carnaval