Jules BergeronJules Bergeron – janvier 2020

La dette étatique : le cas du Québec et du Canada Selon les données du ministère des Finances du Québec, la dette brute du gouvernement québécois se chiffrait à 199 milliards de dollars en date du 31 mars 2019. En soustrayant de ce montant les actifs gouvernementaux, qui prennent la forme de placements et d’immobilisation de toutes sortes, on obtient un montant de 172,5 milliards de dollars, soit la dette nette. Ces chiffres sont élevés, mais encore faut-il les mettre en contexte. La manière la plus répandue de mesurer l’endettement d’un pays, c’est de comparer la dette avec la richesse collective, décrite comme étant le produit intérieur brut (PIB). Or, le PIB québécois était de 439 milliards de dollars en 2018. Évidemment, plus le ratio est bas, meilleur est l’état de la dette. Dans le cas du Québec, le pourcentage s’élevait à 45,8 % à la fin mars 2019, comparativement à 57,8 % en 1998 et 49,8 % en 2008. L’objectif : atteindre 40,7 % en 2026. Et comment s’y prendra-t-on ? Essentiellement en stimulant l’activité économique pour accroître les revenus gouvernementaux et en utilisant le Fonds des générations. Institué en 2006 par le gouvernement libéral de Jean Charest, ce fonds est financé principalement par les redevances prélevées sur l’exploitation des ressources hydrauliques et minières, par une partie de la taxe sur les boissons alcooliques ainsi que par les revenus d’intérêt générés par les placements faits avec l’argent de ce fonds. La valeur du Fonds avoisinait 9 milliards de dollars pour l’année fiscale 2019-2020 ; avec des versements prévus de 2,7 jusqu’à 3,7 milliards par année d’ici 2023-2024, la cagnotte du Fonds des générations totalisera alors presque 22 milliards de dollars.  Qui détient la dette du gouvernement québécois ? Pour répondre à cette question, il suffit de déterminer où et comment les besoins d’emprunts (ce qu’on appelle aussi les besoins financiers) sont comblés. Ces besoins sont financés essentiellement par l’émission d’obligations, qui sont achetées en grande partie au Québec même. Par ailleurs, dans les documents budgétaires 2019-2020, on constate que plus de 80 % de la dette brute du Québec est monnayée en dollars canadiens, ce qui laisse une part minime pour les sommes financées en dollars américains et en euros. On peut dresser un portrait de l’état de la dette du gouvernement canadien selon les mêmes paramètres. La richesse collective canadienne, en l’occurrence son PIB, dépassait 2200 milliards de dollars en 2018. La dette brute du gouvernement fédéral équivalait à 42,5 % de ce chiffre tandis que le ratio dette nette/PIB s’établissait à 26,2. Et qui possède la dette du fédéral ? Elle est libellée presque en totalité en dollars canadiens et plus de 70 % des obligations – qui servent à financer les besoins financiers – sont détenues par des ménages et des institutions canadiennes. Peu importe les données et les méthodes utilisées pour évaluer l’endettement des gouvernements québécois, le débat est toujours d’actualité. Pourquoi est-on si endetté ? Vivons-nous au-dessus de nos moyens ? À quoi servent les sommes empruntées ? Ces questions, quoique judicieuses, ne doivent pas servir à instrumentaliser la dette comme étant un mal collectif ou encore un cadeau empoisonné que nous laisserons en héritage aux futures générations.

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