Isabelle Ayotte – Environnement – juin 2021
Entrevues avec des passionnées de la cueillette, Marianne Dallaire et Catherine Marcotte de Conscience Nature et Isabelle Kun-Nipiu Falardeau, alias La Métisse. Les aventurières et gastronomes de Conscience Nature offrent des ateliers de mycologie et des tablées champêtres. Leur passion pour la cueillette est née de leur intérêt à connaître ce qui les entoure. Isabelle Kun-Nipiu Falardeau est autrice et enseignante des usages autochtones des plantes médicinales du Québec, elle anime des ateliers en forêt.

Photo : Catherine Marcotte de Conscience Nature
Les rudiments d’une cueillette responsable
Il y a avant tout le respect de la nature. Selon Catherine et Marianne, « prélever des produits forestiers demande du respect. Il y a dans notre métier, l’expression ”cueillette responsable” qui sous-entend des règles officieuses qui ne sont pas toujours respectées. Nous conseillons d’ailleurs aux débutants de s’inscrire sur les pages Facebook de cueillette où les règles sont très souvent évoquées et cela, selon l’espèce. Nous conseillons de poser des questions sans gêne et de prélever un ou deux spécimens avant d’être certain que le produit est intéressant et que son mode de reproduction supporte la cueillette sans mettre en danger sa pérennité. »
Isabelle Kun-Nipiu Falardeau va plus loin dans sa pratique. Pour préserver les ressources, elle aide la plante à se reproduire. Pour ce faire, elle explique qu’il faut « bien comprendre le cycle de croissance d’une plante et le respecter. La cueillette responsable est celle qui ne met pas en danger la ressource et qui n’abime pas l’équilibre entre la ressource et la faune qui en dépend. » Elle rappelle que « la plupart des denrées comestibles en nature ne le sont pas seulement pour l’humain : toute une faune dépend de la ressource que vous cueillez. »
Les principes fondamentaux de la cueillette s’inscrivent dans la philosophie autochtone qui place l’humain à l’intérieur du cycle de la nature et non pas en maître de celle-ci. En résumé, un cueilleur responsable respecte les plantes protégées, s’informe, ne cueille que ce dont il a besoin et ne cueille pas dans un environnement pollué.
Motivations écologiques, culinaires et médicinales
Les produits forestiers non ligneux comestibles sont riches en vitamines et minéraux. Les cueilleuses mangent ce que la nature offre selon la saison en plus de cultiver leur jardin. Elles sont autonomes pour une bonne partie de leur alimentation, en plus de diminuer leur empreinte écologique avec une alimentation en majorité locale. Pour Conscience Nature, l’aspect écologique de la cueillette a été une motivation : « Dès le départ, la cueillette était extrêmement inspirante et apaisait notre conscience de consommateur car elle fait partie des principes de base de l’auto-suffisance, de la santé et de la réduction des emballages. »
Pour ses soins de santé, Isabelle préfère cueillir des plantes médicinales sauvages. Pour elle, « savoir comment les utiliser me rend parfaitement autonome. Je préfère me soigner avec des plantes naturelles qu’avec des produits de l’industrie pharmaceutique, qui contiennent de la gelée de pétrole, du sucre raffiné, des colorants artificiels ou des molécules artificielles que le corps ne reconnait pas. »
Cueillette commerciale : un engouement à légiférer
Selon Isabelle « Il y a beaucoup d’abus dans l’industrie des produits forestiers non ligneux (PFNL) parce que bien des cueilleurs sont motivés par l’appât du gain, sans considération pour la préservation de la ressource. Il n’y a pas de protocole qui empêche la cueillette abusive de nos ressources forestières. Faut y voir. » De son côté, Catherine prévient: « La cueillette commerciale, si elle est faite dans les règles, est un métier magnifique. Mais tu seras pas millionnaire avec ça ! »
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Plantes sauvages comestibles du Québec
Cueillette commerciale en forêt
Cercle des mycologues de Lanaudière et de la Mauricie