Steven Roy Cullen, février 2016
En 2013, 82 % des Canadiens âgés de 15 ans et plus, soit un peu plus de 24 millions de personnes, ont versé un ou plusieurs dons à des organismes de bienfaisance ou sans but lucratif. Le montant total versé a atteint 12,8 milliards de dollars ce qui représente une augmentation de 23 % comparativement à 2004.
Au Québec, la progression, entre 2004 et 2013, du montant total de dons versés a été plus importante que la moyenne canadienne se chiffrant à 35 %, passant d’un peu plus de 1,1 milliard à 1,4 milliard. Cette augmentation reste toutefois bien inférieure à celle des provinces de l’Ouest qui ont enregistré des hausses allant de 47 % à 100 % au cours de la même période.
Lorsqu’on analyse la progression du montant total des dons versés, on constate que celle-ci n’est pas simplement attribuable à l’augmentation du nombre de donateurs. En fait, elle est aussi influencée par l’augmentation de la valeur moyenne des dons versés.
Au Canada, le don moyen est passé de 469 dollars en 2004 à 531 dollars en 2013, soit une hausse de 13 %. Au Québec, ce don moyen a progressé de 207 à 264 dollars au cours de la même période, soit une augmentation de 28 %.
En observant le graphique 1, il apparaît une fois de plus que les provinces de l’Ouest ont enregistré des hausses du don moyen plus significatives qu’au Québec. Mais ce qui frappe davantage est la part de l’augmentation de la valeur moyenne du don attribuable aux 10 % des donateurs ayant versé le plus d’argent.
Au Québec, le don annuel moyen de ces plus grands donateurs a progressé de 1095 dollars, passant de 2196 dollars en 2004 à 3291 dollars en 2013. Il s’agit d’une hausse de 50 %. En fait, ces plus grands donateurs ont contribué pour 339 millions de plus en 2013 qu’en 2004, alors que les autres n’ont versé que 35 millions supplémentaires.
À l’échelle du Canada, les 10 % des donateurs ayant versé le plus d’argent ont donné un total de 8,4 milliards au cours de l’année 2013. Cela représente 66 % du total des dons versés au pays.
En analysant les courbes du graphique 2, on constate l’écart grandissant entre le montant versé par les 10 % des donateurs ayant donné le plus d’argent et les autres donateurs. Depuis 2010, la part des plus grands donateurs semble avoir fait un bond.
Ces données de Statistiques Canada offrent simplement un aperçu des tendances canadiennes en matière de philanthropie, mais il y a lieu de se poser les questions suivantes : Sont-elles indicatrices d’un agrandissement des écarts de richesse ? Et, si c’est le cas, pourquoi la philanthropie n’est-elle pas en mesure de réduire ces écarts ?