Mathieu Lanthier-Veilleux, Médecin résident en santé publique et médecine préventive
Chaque année, plusieurs parents se questionnent sur la pertinence de faire vacciner leurs enfants. Cela se comprend, car tout parent désire le meilleur pour son enfant. Pour prendre cette décision de manière éclairée, voici quelques faits.
Rappelons qu’il y a moins d’un siècle, les épidémies tuaient des millions de gens. Grâce aux mesures d’hygiène et à la vaccination, plusieurs maladies ne font presque plus partie de notre quotidien. La vaccination utilise un mécanisme de défense naturel de notre corps; soit sa capacité à reconnaître un microbe qu’il a déjà combattu et à le vaincre plus efficacement la fois suivante. La protection offerte par un vaccin est donc, tout comme l’allaitement, un mécanisme de défense on ne peut plus naturel! La vaccination demeure encore aujourd’hui une des plus grandes avancées médicales modernes.
« Dans une société qui se veut solidaire, il importe donc de limiter les inégalités. Par son universalité et sa précocité, la prévention des maladies par la vaccination est un des moyens de favoriser des soins égalitaires. »
Dans notre système de soins universels, plusieurs obstacles limitent l’accès aux soins pour les plus démunis : frais accessoires, difficulté d’accès, faible disponibilité des services et directives complexes à comprendre. La pauvreté nuit aussi à la capacité à subvenir aux besoins de base : un logement insalubre, une mauvaise alimentation ou une insécurité constante causent tous d’importants problèmes de santé. Dans une société qui se veut solidaire, il importe donc de limiter ces inégalités. Par son universalité et sa précocité, la prévention des maladies par la vaccination est un des moyens de favoriser des soins égalitaires. De plus, comme les démunis sont plus sujets à tomber malades, cette protection leur est d’autant plus utile et efficace. La vaccination réduit donc les inégalités sociales en santé.
« En tant que parent, il est légitime de se questionner et de s’informer sur les traitements et vaccins que nos enfants reçoivent. Il faut toutefois rester critiques face aux déclarations simplistes ou alarmistes et s’assurer de consulter des informations valides provenant d’organismes crédibles. »
Le questionnement de certains chercheurs sur les vaccins comme récemment pour le vaccin contre le virus du papillome humain (VPH) est récurrent. Heureusement, des professionnels de la santé évaluent attentivement, pour vous, toutes ces nouvelles publications. C’est sur leurs recommandations basées sur la science et ayant en tête le meilleur équilibre risques/bénéfices que les programmes de vaccination sont offerts à la population. Dans le cas du vaccin contre le VPH, ce vaccin a été jugé sécuritaire à la lumière des études actuelles, et ce, par plusieurs comités d’experts et organismes internationaux comme l’Organisation Mondiale de la Santé. Alors que des millions de dollars sont investis annuellement en recherche sur le cancer, le vaccin du VPH est un des rares remèdes préventifs efficaces contre plusieurs cancers, dont celui du col de l’utérus. La vaccination prévient plusieurs maladies qui auraient nécessité des soins coûteux. Les fonds publics étant limités, la vaccination est donc un investissement responsable qui diminue les coûts en soins de santé.
En tant que parent, il est légitime de se questionner et de s’informer sur les traitements et vaccins que nos enfants reçoivent. Il faut toutefois rester critiques face aux déclarations simplistes ou alarmistes et s’assurer de consulter des informations valides provenant d’organismes crédibles. Au Québec, nous devons être fiers de nos programmes de vaccination, offrant à toute la population, riches ou démunis, un moyen efficace et sécuritaire de se protéger contre plusieurs maladies dangereuses par un processus naturel et équitable.