alain-transAlain Dumas, janvier 2015

Alors que le Québec affiche un des plus faibles déficits publics dans le monde, voilà que l’austérité entre chez nous par la porte d’en arrière, car le gouvernement Couillard n’en avait guère parlé pendant la campagne électorale. Pourquoi une vague d’austérité aussi rapide? Est-ce que la justification économique de l’austérité tient la route?

La promesse de l’austérité

Les ténors du gouvernement ne cessent d’affirmer que l’élimination rapide du déficit et le retour aux surplus budgétaires dès l’an prochain (1,6 milliard $) devraient permettre de relancer l’économie à long terme.

Voyons le raisonnement économique qui se cache derrière cette promesse. Rappelons d’abord qu’austérité rime avec baisse des dépenses publiques (santé et éducation en bonne partie) et hausse des taxes et des tarifs qui affectent les classes moyennes et populaires. L’austérité s’appuie sur une vieille théorie économique qui suppose que le gouvernement doit réduire sa taille pour baisser l’impôt des entreprises afin que celles-ci investissent et créent de l’emploi.

C’est pourtant cette recette qui est appliquée depuis plus de 20 ans, faisant du Québec l’endroit où le taux d’imposition des entreprises est parmi les plus bas en Amérique du Nord. Résultat : le taux d’investissement des entreprises n’a pas bougé, cependant que leurs réserves financières atteignent le montant record de 600 milliards $.

Des justifications économiques erronées

Deux études économiques justifient l’austérité. La première, réalisée en 2010 par Reinhart et Rogoff (ancien chef économiste du Fonds monétaire international (FMI), soutient qu’une dette publique élevée nuit à la croissance économique. Cette étude a été invalidée par 3 chercheurs de l’Université du Massachusetts, qui ont démontré qu’elle contenait des chiffres incomplets et des erreurs de calcul.

La deuxième, préparée par les experts du FMI, soutenait en 2010 que 1$ d’austérité (hausse d’impôt ou baisse de dépenses) devrait entraîner une perte de croissance de l’économie de seulement 0,50$. Or, le FMI a admis en 2013 que ses experts avaient sous-estimé l’impact négatif du simple au triple, la perte de croissance de l’économie observée pour chaque dollar d’austérité variant plutôt de 0,90$ à 1,70$ dans les pays européens touchés.

L’impact pour le Québec

Le Québec ne fera pas bande à part avec l’austérité. Comme un dollar d’austérité a un impact négatif de 1,25$ (moyenne du FMI) sur la croissance de l’économie et que les mesures d’austérité prévues par Québec se chiffrent à 6 milliards $, le PIB pourrait être amputé de 7,5 milliards $, ce qui priverait le gouvernement de revenus fiscaux de plus d’un milliard $.

Si, comme nous venons de le constater, l’austérité ne tient pas la route dans l’économie réelle, pourquoi le gouvernement actuel persiste-t-il? Récemment, Le Devoir révélait que le premier ministre Couillard s’appuie sur un livre (The fourth revolution) écrit par deux dirigeants très conservateurs de la revue The Economist, qui prônent de réduire au minimum la taille de l’État afin de réduire encore plus les impôts des entreprises et bien sûr des classes supérieures … Le but est donc politique : détruire le modèle social québécois qui nous a pourtant bien servi, le Québec affichant une croissance économique supérieure à celle du Canada au cours de la période 1989-2011, avec en prime les inégalités économiques les plus faibles en Amérique du Nord.

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