Une lettre ouverte du Conseil d’administration d’Info-Nature Mauricie
C’est peut-être la fin des séjours abordables au Domaine Wabenaki-Andrew du Parc national de la Mauricie.
Récemment, le conseil d’administration de l’organisme Info-Nature Mauricie a mis fin, à contrecœur à l’entente de partenariat qui le liait avec le Parc National de la Mauricie depuis 40 ans.
Au printemps dernier, le parc a remplacé ses ententes de partenariat par des ententes de services accordées au terme d’appel d’offres. Pour un OBNL comme le nôtre, il était impossible de répondre aux multiples exigences et conditions de ce nouveau contrat sans mettre en péril notre viabilité financière et dénaturer notre mission d’enrichir l’expérience de séjour des visiteurs tout en contribuant à la préservation de l’intégrité écologique et culturelle de ce lieu privilégié de conservation.
Depuis 1982, nous travaillons en étroite collaboration avec le parc et assurons la gérance du Domaine Wabenaki – Andrew et la vente de bois et de glace dans les terrains de camping. Cette collaboration était encadrée par des ententes de partenariat.
Un constat clair ressort de ce nouvel appel d’offres : Parcs Canada cherche dorénavant des fournisseurs et non plus des partenaires. Selon la direction du Parc, cette nouvelle façon de faire serait plus juste et équitable envers les entreprises désirant faire des «occasions d’affaires » avec Parcs Canada.
Est-ce vraiment équitable de mettre sur le même pied d’égalité un OBNL et des entreprises privées à but lucratif ?
Est-ce équitable de ne pas tenir compte des retombées socio-économiques d’une entreprise d’économie sociale impliquée dans la communauté depuis 40 ans, qui emploie 15 personnes dont des gens en réinsertion sociale et qui collabore à divers projets de mise en valeur du patrimoine naturel et culturel?
La réponse est évidemment non. Le Parc national de la Mauricie a choisi de couper les ponts avec la communauté pour prioriser le financement de ses activités par la multiplication des « occasions d’affaires ».
Rappelons que si les bâtiments patrimoniaux Wabenaki et Andrew existent encore aujourd’hui, c’est grâce à la communauté qui s’est opposée à la démolition du patrimoine bâti sur le territoire du parc national. Cette mobilisation citoyenne a permis de sauver ces bâtiments et de les inscrire comme édifices reconnus du patrimoine fédéral.
Et c’est cette mobilisation qui a donné naissance à Info-Nature Mauricie, la première association coopérante du Québec au sein de Parcs Canada dont l’objectif était de collaborer à la mission de l’organisme fédéral tout en favorisant la sensibilisation et l’appartenance de la communauté. Pendant des décennies, des bénévoles se sont investis pour préserver ces lieux et la nature environnante. Pendant des décennies, Info-Nature a permis à des milliers de personnes provenant de partout au Québec de vivre une expérience nature- culture au parc dans un esprit communautaire unique et respectueuse de l’environnement.
En privilégiant ce modèle d’affaires orientée par une logique commerciale, Parcs Canada s’éloigne encore de sa mission de rendre la nature plus accessible au plus grand nombre. Une accessibilité et une abordabilité qui fond comme neige au soleil….parlez-en aux amateurs de ski de fond du parc…
C’est avec tristesse et consternation que le conseil d’administration d’Info-Nature constate que Parcs Canada fait davantage confiance à des intérêts privés qu’à la communauté et ses bénévoles pour collaborer à la mission du Parc de la Mauricie.