Par Magali Boisvert, Septembre – Octobre 2018
Quelle est la situation du logement pour les personnes autochtones résidant à La Tuque? Pour esquisser un portrait juste et concret cette situation, La Gazette de la Mauricie a pris contact Karine Tremblay, travailleuse de proximité au Centre d’amitié autochtone de La Tuque. Son propos révèle une situation plus nuancée que pourraient le laisser croire certains préjugés tenaces.
Ce qui est désolant nous confie Mme Tremblay c’est que les Autochtones en milieu urbain ne sont souvent pas informés de leurs droits et obligations en tant que locataires. La plupart des personnes auprès de qui elle intervient font la transition de la réserve vers la ville. En réserve, la vie dans les logements est beaucoup moins encadrée, croit-elle.
Ce manque d’information peut causer des conflits qui peuvent être dévastateurs pour certains. Mme Tremblay rapporte qu’il y a quelques années de cela, un incendie s’est produit dans un immeuble de la rue Bostonnais, à La Tuque, où résidaient beaucoup de locataires autochtones. Le feu a tout emporté avec lui. De toutes les familles habitant de cet immeuble, deux seulement avaient contracté une police d’assurance.
Il est également vital, selon la travailleuse de proximité, d’informer les propriétaires, qui ne sont pas toujours au fait de certaines réglementations. Un comité a donc été créé entre propriétaires et locataires afin de partager des informations et favoriser le dialogue. Karine Tremblay se dit persuadée que c’est en travaillant ensemble que les différentes parties pourront améliorer des situations parfois tendues qui peuvent parfois dégénérer. On ne peut nier l’existence d’une forme de discrimination discrète envers les Autochtones en recherche de logement, où un simple nom de famille typiquement autochtone peut littéralement fermer des portes[1].
Une communauté tissée serrée
Dans la ville de La Tuque, on compte deux centres d’hébergement, tous deux pour femmes victimes de violence conjugale – même si ces centres accueillent tout de même les femmes en difficulté en général. Or, il n’y a aucun centre d’hébergement pour les hommes. Karine Tremblay (qui coordonne le programme Shaputuan contre l’itinérance) déplore cette absence de ressources, tout en mentionnant que les hommes vivant une situation de crise passagère et sans logement peuvent trouver refuge chez des parents ou des amis, ce qui illustre bien le réflexe d’entraide et de solidarité présent chez les Autochtones de La Tuque.
La transition vers la ville peut provoquer chez certains une difficulté à retrouver leurs racines traditionnelles et culturelles. Pour briser l’isolement et inviter la communauté à reconnecter avec ses traditions ancestrales, le Centre d’amitié organise de plus en plus d’activités et ouvre grand ses portes à ceux et celles qui veulent venir y faire un tour.
Le Centre a également convenu d’une entente avec le Domaine Notcimik offrant l’occasion aux jeunes Autochtones de La Tuque de se rendre au Domaine pour y renouer avec les coutumes ancestrales comme passer la nuit dans un tipi ou y travailler la fourrure. Comme quoi la qualité de vie des personnes locataires a beaucoup à voir avec la communauté qui les entoure.
[1] https://www.lenouvelliste.ca/actualites/haute-mauricie/des-autochtones-victimes-de-discrimination-f667ad27ce7a36c4fd9d060f098b7864