L’animatrice de Racines mauriciennes, Valérie Deschamps, nous propose de l’accompagner à travers son périple en Mauricie alors qu’elle va à la rencontre de Pierre, Louise, Simone et bien d’autres personnes aînées de notre territoire à la recherche des histoires fascinantes du monde ordinaire; ces histoires qui au fil du temps ont tricoté notre identité collective régionale.
Cette série est produite par La Gazette de la Mauricie et présentée par la Société Saint-Jean-Baptiste de la Mauricie. Elle est aussi rendue possible grâce à la contribution du Gouvernement du Québec et de son programme Québec ami des aînés.Valérie Deschamps – Racines mauriciennes – Février 2021
Elles sont solidement ancrées dans le sol. Serrées les unes contre les autres, elles composent un véritable réseau de liens. Peu importe leur nature, ces racines nous ramènent à l’essentiel régional : une vie débordante de récits. La première histoire racontée dans le cadre de Racines mauriciennes, c’est une histoire de « brisage » de plafond de verre. Cette histoire, c’est celle de Louise Hamel.
Arborant fièrement la blancheur rayonnante de ses courts cheveux, Louise Hamel raconte son parcours professionnel avec un fier sourire. C’est que cette fierté du travail accompli chez l’animatrice bien connue de la région, témoigne d’un chemin qu’elle a défriché à mains nues. Cette route n’était pas encore totalement pavée pour les femmes. « C’est déjà arrivé qu’on me croyait incapable de faire telle ou telle chose parce que j’étais une femme. On m’a même déjà demandé de faire teindre mes cheveux blancs. C’est qu’ils le sont depuis que j’ai trente ans! J’ai répondu que mes cheveux, c’est moi, et que je le ferais lorsque la même chose sera demandée aux animateurs de télévision masculins », me raconte-t-elle en riant. Il faut dire que cette dichotomie entre le masculin et le féminin dans le milieu de l’information à la fin de la décennie 1970, était plus que présente. Ce contexte social n’a cependant jamais arrêté la Trifluvienne originaire du quartier de coopérative d’habitation Sainte-Marguerite.
Un désir de communiquer
C’est la grande histoire, celle qu’on raconte depuis jadis dans les livres, qui initialement intéressait Louise. Bien qu’elle écrivait de petits journaux de classe depuis toujours, elle n’avait jamais pensé en faire une carrière. Encore fraichement cégépienne, c’est un de ses professeurs, Jean-Claude Soulard, qui lui a parlé du domaine journalistique. Et c’est là que tout a commencé. Après un passage dans les médias étudiants, Louise s’inscrit en journalisme à l’Université Laval. Durant son parcours, elle fera un stage à l’étranger. « J’ai littéralement eu un véritable choc culturel lors de mon arrivée à Paris. Les rapports hommes-femmes dans la société tout comme ceux dans le domaine médiatique m’ont permis, en revanche, de forger tant la journaliste et l’animatrice que la femme que je suis aujourd’hui », souligne-t-elle.
Dès son retour en Mauricie au milieu des années 1970, la porte était grande ouverte pour Louise. Celle qui cultive avec dévouement les relations entre l’auditoire et sa présence derrière le micro connaît ses débuts à la station de radio CHLN (aujourd’hui 106.9 FM Mauricie). « Le grand Maurice Bourget m’avait alors fait une place à CHLN. Et je me souviens que je faisais le chemin à vélo. Cet été là, il faisait tellement chaud! J’arrivais en sueur à la station mais j’aimais tellement ça la radio. Je me sentais près des gens même si c’est plutôt difficile d’imaginer qu’on a un public lorsqu’on est seule devant un micro », ajoute l’animatrice d’expérience. Quelques temps après, elle s’ajoute à l’équipe de CKTM-TV (ancêtre d’ICI Radio-Canada Mauricie) situé à l’époque, à Notre-Dame-du-Mont-Carmel.
L’histoire d’une collectivité
Après un court passage dans la métropole pour remplacement à la barre de l’émission de télévision « Femmes d’aujourd’hui » à Radio-Canada, Louise revient en région. Sous l’œil incompris de son entourage, elle décide de suivre l’appel de ses premiers amours : elle étudie au certificat en histoire à l’Université du Québec à Trois-Rivières. C’est d’ailleurs l’agencement de ces deux passions, soit la communication et l’histoire qui a forgé, par la suite, sa carrière. Que ce soit au travers d’une émission de ligne ouverte « coast-to-coast » pour aîné.e.s à Radio-Canada ou l’émission d’histoire collective Souvenances d’ici, elle a laissé sa marque dans le milieu médiatique québécois et mauricien. Louise a également été la première à tenir une chronique littéraire à Radio-Canada Mauricie. « M. Poirier [de la librairie Poirier] venait présenter les livres lors de la chronique et à la fin, on les faisait tirer. J’ai tellement aimé partager des suggestions littéraires avec le monde! ».
1984 : Place aux tambours et trompettes aux Trois-Rivières pour les célébrations de son 350e anniversaire. Louise se joint à l’équipe des festivités. Tous et toutes s’affairent à ce que l’événement ne passe pas inaperçu. Pavoisement, jeux, panneaux d’interprétation, pageant, etc. Tout était mis en place pour recréer un sentiment d’appartenance chez les Trifluvien.ne.s. « On voulait raviver la fierté quelque peu disparue, à Trois-Rivières. C’est chez nous, tsé. Faut se réapproprier notre histoire, notre culture! »
Et c’est avec cette passion qui continue de briller chez Louise, tant par ses mots qu’au plus profond de ses yeux, que cet attachement communautaire s’est enraciné. Louise s’est placée, sans même le savoir, aux croisements formant notre collectivité. De ces croisements, de nouvelles racines ont pris vie dans notre grand récit mauricien.
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