De gauche à droite; première rangée : Yoakim Bélangé, Jean-Félix Chénier et Laure Waridel. Deuxième rangée : Olyvier Leroux-Picard, Jessica Lalonde, Isabelle Padula et Robert Aubin.  Photo : Anne-Sofie Bathalon

Il est indéniable que la crise climatique bouleverse de manière significative notre manière de vivre, mais surtout notre manière d’être. Des préoccupations allant jusqu’à l’écoanxiété exigent un temps de réflexion profonde sur notre existence. Elles nous amènent à réfléchir et à considérer la place que nous pouvons occuper dans cette lutte contre la crise climatique. Alors que le négationnisme semble de moins en moins présent, l’inaction ou l’ignorance délibérée des problèmes environnementaux, elles, restent bien présentes. Les acteurs et actrices de changements invité-es dans l’épisode du mois de mai de l’émission La tête dans les nuances sont d’accord sur le fait qu’il est sans doute plus facile de se mettre la tête dans le sable plutôt que d’agir tant les problèmes sont majeurs. L’angoisse environnementale peut en effet paralyser la mobilisation.

La trame de fond de cet épisode, réalisé en collaboration avec le Salon du livre de Trois-Rivières et les éditions Écosociété, est donc la question comment faire face à l’écoanxiété ? Cet état, est « une peur chronique d’une catastrophe environnementale imminente » selon l’American Psychological Association et l’organisation ecoAmerica. Durant tout l’épisode, les intervenant-es se demandent donc comment gérer cette angoisse face aux changements environnementaux de plus en plus perceptibles. La réponse peut sembler surprenante, mais selon les invité-es, ce serait de soutenir des causes qui nous tiennent à cœur. Au fil des échanges, on réalise l’importance des luttes locales. Laure Waridel, Jean-Félix Chénier et Yoakim Bélanger nous expliquent ainsi comment ils-elles ont contribué à réaliser des avancées grâce à leur participation à des luttes.

Les invité-es soulignent l’importance de trouver un équilibre dans notre degré de mobilisation. Il semble important de distinguer quel type de contribution nous voulons apporter et surtout, d’agir pour une cause qui nous est chère. À un certain moment, la discussion s’oriente autour de l’importance des artistes dans les luttes climatiques. En effet, les artistes possèdent une force communicatrice. Ils-elles stimulent l’élan du cœur, en mettant en images ce que les mots ne peuvent pas toujours exprimer avec autant de force et de profondeur. Les invité-es s’interrogent aussi sur les jeunes, c’est-à-dire sur leurs réflexions, leurs engagements, leurs angoisses et leur vision de l’avenir. En témoignant de leur diverses expériences, ils-elles déconstruisent certains préjugés. Par exemple, il serait faux de dire que les jeunes ne s’intéressent plus à la politique, ou encore qu’ils-elles ne se mobilisent pas autant que les générations qui les ont précédés.

En somme, cette discussion encourage les téléspectateurs et téléspectatrices à se demander quel type d’engagement leur convient le mieux. Elle pousse à réfléchir plus localement, à considérer l’impact des actions à petite échelle dans un monde où les enjeux environnementaux sont de plus en plus présents. Pour savoir si nous assistons à la fin d’un monde ou à la naissance d’un nouveau, il suffit de regarder l’épisode pour constater que plusieurs solutions s’offrent à nous, en tant qu’individu, mais aussi en tant que société. 

Les invité-es 

Militante écologiste et auteure canadienne de renom, Laure Waridel a consacré sa vie à promouvoir un mode de vie durable et équitable. Elle a cofondé, en 1993, l’organisation non gouvernementale Équiterre. Dotée d’une solide formation académique, elle détient un doctorat en sciences de l’environnement de l’Université du Québec à Montréal. Elle a également partagé son expertise en tant que chargée de cours à l’UQAM et à l’Université McGill. Laure Waridel a produit plusieurs ouvrages, dont le L’envers de l’assiette. Elle a participé à des projets internationaux et à des conférences sur le développement durable et la justice sociale.

« On peut voir cette crise-là, ou cette multiplication de crises – parce que ce sont des crises interreliées – comme des occasions de nous donner de l’impulsion pour changer et faire sortir le plus beau de l’humanité, par la coopération, par la mise en œuvre de solutions qui sont plus que jamais nécessaires. »

Jean-Félix Chénier est enseignant au collège de Maisonneuve depuis plus d’une quinzaine d’années. Il y enseigne notamment les sciences politiques. Sensible et à l’écoute de ses étudiant-es, il a mis en œuvre plusieurs projets avec leur collaboration. Que ce soit dans son dernier ouvrage, Résister et fleurir, ou dans ses autres écrits, sa plume évocatrice nous invite à réfléchir sur la condition humaine et sur la capacité de l’être humain à trouver de la lumière même au cœur de l’obscurité.

« En se mettant en action, on choisit justement comment déterminer le monde de demain. Alors que, si on se met dans le déni, c’est la crise climatique qui va choisir pour nous. Et donc, pour moi, c’est comme un faux dilemme, l’espèce de croisée des chemins. Parce que tu ne veux pas que ça s’impose à toi, la crise climatique et le déclin de la biodiversité. Alors tu n’as comme pas le choix finalement de te mettre en action puis d’espérer le meilleur. C’est peut-être finalement l’option la plus réaliste d’être utopiste aujourd’hui. »

Yoakim Bélanger est un artiste québécois multidisciplinaire renommé dans le domaine de l’art contemporain. Son travail explore une variété de thèmes à travers des formes et des matériaux uniques. Ses œuvres captivent souvent par les aspects de la nature, de la vie urbaine ou de la condition humaine qu’elles évoquent. Yoakim Bélanger a exposé dans de prestigieuses galeries et institutions artistiques au Québec et à l’étranger.

« Tu as des gens comme nous, des communautés d’artistes, et à la base je me sentais vraiment comme un outsider. C’est tranquillement qu’on a tenu les rencontres, surtout en faisant tout ce projet-là, qu’on a rencontré tous ces militants-là. Et on fait de plus en plus partie de ce mouvement, mais en ayant tous ces niveaux [de militantisme], ça fait en sorte qu’ il y a moyen de créer un buzz. Ça va pas juste être des paroles douces, mais aussi la parole plus radicale, il va y avoir des collages […] Tranquillement, ça devient un mouvement. Donc, l’apport des artistes est hyper important pour arriver à communiquer ce message. »

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